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Page:Kant - Anthropologie.djvu/341

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330 DES CARACTÈRES.

mort, et le disciple A, B, G prend sa place, pour la laisser, bientôt après, aussitôt qu'il aura pu faire un pas de plus, à un autre. — Quelle masse de connaissances, quelles inventions de méthodes nouvelles n'aurait-on pas déjà, si un Archimède, un Newton ou un Lavoisier avaient pu vivre un siècle, pleins d'activité et de talent, sans affaiblissement de leurs facultés ! Mais tel est le progrès de l'espèce dans les sciences, qu'il ne s'accomplit jamais que partiellement (dans le temps) et qu'on n'est jamais sûr qu'il ne rétrogradera pas, menacé qu'il est toujours de l'invasion de la barbarie. c L'espèce humaine semble aussi peu aller à sa destinée sensible, le bonheur, auquel cependant sa nature la fait tendre constamment, mais auquel la raison met pour condition d'en être digne par la moralité. — On ne peut pas non plus prendre la peinture chagrine (morose) que fait Rousseau du genre humain osant sortir de l'état de nature, pour un conseil de retourner dans les forêts; telle n'est pas d'ailleurs son opinion véritable : il voulait seulement faire ressortir par là l'extrême difficulté pour notre espèce d'atteindre sa destinée en suivant l'ornière de l'approximation incessante; on ne peut pas y arriver au vol. — L'expérience des temps anciens et des temps modernes est bien propre à faire douter un penseur si jamais notre espèce sera plus heureuse. Ses trois ouvrages sur le dommage résultant : 1° de