Page:Kant - Anthropologie.djvu/425

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d’une princesse dont la grande intelligence et la clairvoyance devaient rendre à peu près impossibles l'erreur et la surprise en pareille matière. Le bruit généralement répandu des prétendues visions de cet homme en furent l’occasion. A la suite de quelques questions qui tendaient plutôt à s’amuser de ses imaginations qu’à connaître des nouvelles de l’autre monde, la princesse le congédia, après toutefois l’avoir chargé d’une commission secrète relativement à son commerce avec les esprits. Au bout de quelques jours, M. Swedenborg revint avec une réponse de telle nature que la princesse tomba, de son propre aveu, dans le plus grand étonnement, puisque la réponse se trouva vraie, et que Swedenborg n’avait cependant pu l’apprendre d’aucun homme vivant. Ce récit est tiré de la relation d’un ambassadeur à la cour de la localité, alors présent, faite à un autre représentant étranger à Copenhague ; il est en parfait accord également avec ce que les renseignements particuliers ont pu en apprendre.

Les récits suivants n’ont pas d’autre valeur que la commune renommée, dont la preuve est très incertaine. Madame Harteville, veuve d’un envoyé Hollandais à la cour de Suède, fut mise en demeure par les proches d’un orfèvre, de payer le reliquat de la façon d’un service d’argent. La dame, qui connaissait les habitudes régulières de son mari défunt, était persuadée que cette dette avait été acquittée par lui, mais elle n’en trouvait la preuve dans aucun des papiers qu’il avait laissés. Les femmes étant très portées à croire aux récits des devins, des interprètes de songes, et toutes les autres sortes de merveilles, Mme Harteville parle donc de sa situation à M. Swedenborg, en le priant, si ce qu’on disait de lui, de son commerce avec les morts, était vrai, de vouloir bien se mettre en rapport avec son défunt mari, et de s’assurer du fondement ou de l’injustice de la réclamation. M. Swedenborg lui promit de le faire, et peu de jours après il lui apporta, chez elle, le renseignement qu’elle lui avait demandé. Il lui indiqua, dans une armoire qu’elle croyait avoir bien visitée, une certaine cachette, où se trouvaient les quittances en question. On se met aussitôt à chercher d’après ces indications,