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que l’Esprit des lois était entré d’une certaine façon et à certains égards dans ma nouvelle manière d’accepter la vie… »

Évidemment, c’est là une allusion transparente à Aurélien de Sèze, à l’avocat général, le représentant de la loi. Et, en effet, la lettre mentionnée plus haut qu’Aurore écrivit à son mari le 8 novembre 1825, a trait à la visite qu’elle fit à La Brède, lieu natal de Montesquieu, en compagnie d’une nombreuse société où se trouvait Aurélien, et raconte que là ils eurent une dernière explication orageuse, après laquelle ils renoncèrent tout à fait à l’amour en se promettant de n’être qu’amis[1].

Voilà donc Aurore racontant à son mari avec sa noble franchise et sa droiture de caractère honnête et sincère, sans rien lui cacher, ce qui était arrivé. Dudevant, étant alors allé passer quelque temps à Nohant, la lettre dut le suivre de Nérac à Bordeaux, ou plus loin encore. Notons ici un fait curieux dans l’histoire des relations conjugales des Dudevant, fait que nous ne pouvons guère déterminer d’une manière précise. Parmi les lettres inédites de Dudevant à sa femme, nous en trouvons une série, ou plutôt une seule grande lettre, dont les fragments avaient été envoyés à Aurore, en route, et de Nohant, sous forme de journal, portant les dates de :

    7 novembre 1825, lundi, minuit. Périgueux.
    Mardi, mercredi et jeudi (en route pour Nohant).
    Vendredi, 6 heures et demie du matin.
    5 heures du soir.
    10 heures et demie du soir.
    Samedi, 6 heures et demie du matin.
    7 heures du soir, 12 novembre.

  1. L’autographe de cette lettre appartient à M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul.