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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/432

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est également copiée sur Aurore Dudevant, et que ce roman contient bien plus de détails pris sur nature que le roman de Musset. Sainte-Beuve déjà, fut si frappé de la ressemblance entre Marianna et la lettre du 8 novembre 1825 d’Aurore à son mari, que sur la copie qu’il possédait de cette lettre il écrivit : « Comparer avec le début de Marianna ». En effet, si l’on ne peut pas désigner avec certitude les deux héros du roman, Gustave Bussy et Henri de Felquères, dont le premier a certainement beaucoup de traits de ressemblance avec Jules Sandeau, il ne faut pas être doué d’une perspicacité bien grande pour s’apercevoir que les époux de Belnave représentent le couple Dudevant, et que les Valton, leurs parents et amis, sont copiés sur Hyppolite Châtiron et sur sa femme Émilie, sauf quelques traits empruntés à Zoé Leroy. M. de Belnave est de tous points semblable au colonel Delmare, le mari d’Indiana. (Remarquons, en passant, la consonnance de ces deux noms : Delmare-Belnave.) Jules Sandeau, il est vrai, a pour son fabricant plus d’égards, et le traite avec plus de bonté que George Sand ne le fait pour son colonel ; dans les derniers chapitres du roman, il lui fait même jouer un rôle très magnanime ; mais il faut reconnaître que chez Sandeau comme chez George Sand, le trait dominant de cet industriel quasi incrusté dans sa propriété de Blanfort (lisez « Nohant » est son esprit prosaïque et terre à terre[1].

Et voici maintenant comment Jules Sandeau nous peint Marianna elle-même : « Jeune, belle, d’une beauté que relevait encore un air de souffrance rêveuse, Marianna apparut à Bagnères (sic) comme une des créations qu’enfante

  1. Voir Marianna (Nouvelle édition. Charpentier. Paris 1885), p. 38-39-41.