Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les deux faits suivants sont analogues à celui de l’observation 44.


OBSERVATION 45. – M. Z…, vingt-neuf ans, élève de l’école polytechnique, est venu me consulter parce qu’il se croyait atteint de tabès. Le père était nerveux et est mort tabétique. La sœur de son père était folle. Plusieurs parents sont nerveux à un haut degré et gens bien étranges.

En l’examinant de plus près, j’ai constaté que le malade est un sexuel, spinal et cérébral, asthénique. Il ne présente aucun symptôme anamnestique ni ne présente de tabes dorsalis[ws 1]. La question qui s’imposait était de savoir s’il avait abusé de ses organes génitaux. Il répond que, dès sa première jeunesse, il s’est livré à la masturbation. Au cours de l’examen, on a relevé les intéressantes anomalies psychopathiques suivantes.

À l’âge de cinq ans, la vita sexualis s’éveilla chez le malade sous forme d’un penchant voluptueux à se flageller et en même temps d’un désir de se faire flageller par d’autres. Pour cela il ne songeait pas à des individus concrets et sexuellement différenciés. Faute de mieux, il se livrait à la masturbation, et avec les années il parvint à avoir des éjaculations.

Longtemps auparavant, il avait commencé à se satisfaire par la masturbation en évoquant en même temps des images de scènes de flagellation.

Devenu adulte, il vint deux fois au lupanar pour s’y faire fouetter par des mérétrices. À cet effet, il choisissait la plus belle fille ; mais il fut déçu, il n’arriva pas à l’érection et encore moins à l’éjaculation.

Il reconnut alors que la flagellation était chose secondaire, et que l’essentiel c’était l’idée d’être soumis à la volonté de la femme. La première fois il n’arriva pas à provoquer cet état, mais il réussit à un second essai. Il obtint un succès complet, parce qu’il avait présente l’idée de la sujétion.

Avec le temps, il arriva en excitant son imagination à évoquer des représentations masochistes, à pratiquer le coït, même sans flagellation, mais il n’en éprouva que peu de satisfaction, de sorte qu’il préféra avoir des rapports sexuels à la façon des masochistes. Grâce à ses désirs congénitaux de flagellation, il ne trouvait de plaisir aux scènes masochistes que lorsqu’il était flagellé ad podicem[ws 2] ou que du moins son imagination lui composait une scène semblable. Dans les moments de grande excitabilité, il lui suf-

  1. syphilis paralytique
  2. sur la croupe