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Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/203

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De la déposition d’un masochiste, il résulte le fait suivant.

La proportion n’est pas telle que l’individu éprouve simplement comme plaisir physique ce qui ordinairement cause de la douleur ; mais l’individu se trouvant en extase masochiste, ne sent pas la douleur, soit que, grâce à son état passionnel, (comme chez le soldat au milieu de la mêlée et de la bataille), il n’ait pas la perception de l’impression physique produite sur les nerfs de son épiderme, soit que, grâce à la trop grande abondance de sensations voluptueuses (comme chez les martyrs ou dans l’extase religieuse), l’idée des mauvais traitements n’entre dans son esprit que comme un symbole et sans les attributs de la douleur.

Dans la deuxième alternative, il y a pour ainsi dire une surcompensation de la douleur physique par le plaisir psychique, et c’est cet excédent qui reste seul comme plaisir psychique dans la conscience. Cet excédent de plaisir est encore renforcé soit par l’influence des réflexes spinaux, soit par une accentuation particulière des impressions sensibles dans le sensorium ; il se produit une espèce d’hallucination de volupté physique, avec une localisation vague de la sensation projetée au dehors.

Des phénomènes analogues paraissent se produire dans l’auto-flagellation des extasiés religieux (fakirs, derviches hurlants, flagellants), seulement les images qui provoquent la sensation de plaisir ont une autre forme. Là aussi on perçoit l’idée de la torture sans ses attributs de douleur, la conscience étant trop remplie par l’idée accentuée du plaisir de servir Dieu en subissant des tortures, de racheter ses péchés, de gagner le ciel, etc.



Masochisme et sadisme

Le sadisme est l’opposé complet du masochisme. Tandis que celui-ci veut supporter des douleurs et se sentir soumis, celui-là cherche à provoquer la souffrance et à violenter.