Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/367

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Négociant, propriétaire d’un petit fonds de commerce, célibataire – (cela va de soi),  – je viens de passer ma trentième année ; j’ai l’apparence d’un homme bien portant et mon extérieur s’écarte à peine du type viril normal. J’ai ressenti à partir de l’âge de dix ans mes premières émotions sexuelles qui, dès le début, se portèrent exclusivement vers le sexe masculin.

À partir de l’âge de douze ans, j’ai pratiqué la masturbation. J’ai dû jusqu’à aujourd’hui me contenter de ce genre de satisfaction, le coït avec la femme ayant été impossible, malgré tous mes essais, et n’ayant jamais éprouvé de désirs mais plutôt du dégoût pour la femme, et par conséquent n’ayant jamais la moindre érection.

Si je dois faire maintenant une confession sur la manière de satisfaire mon instinct sexuel, je dois avouer qu’autrefois des camarades d’école, des garçons de mon âge, pouvaient provoquer chez moi une excitation sexuelle. Mon penchant pour les garçons de dix ans, mais surtout pour les jeunes gens de quinze à vingt ans, subsiste encore aujourd’hui.

Ce qui me charme avant tout, ce sont les formes des corps bien vigoureux mais pourtant délicats des cadets (élèves militaires), dont l’uniforme plein de goût et les manières distinguées m’excitent particulièrement.

Je n’ai pas eu l’occasion d’entrer avec eux en rapports, même purement sociaux. Je dois me contenter de les suivre dans les rues et les promenades ou bien dans les cas plus favorables, au restaurant, sur le tramway ou en chemin de fer ; je m’assieds près d’eux et, quand je puis le faire sans être aperçu, je me satisfais au moyen de l’onanisme.

Mon désir le plus ardent serait souvent d’être l’ami, le serviteur ou l’esclave d’un de ces jeunes hommes.

Je ne pense jamais à la pédérastie directe : exoptatum mihi est corpus tangere, amplecti, membrum meum ab amato juvene tangi, me autem genitalia vel podicem ejus osculare posse[ws 1].

J’ai souvent cette envie que Sacher Masoch dépeint dans son roman « La Vénus à la fourrure », dans lequel un homme se fait volontairement l’esclave d’une femme, et éprouve des frissons de volupté quand il est battu ou humilié par elle. Seulement, chez moi, ce sentiment est modifié dans ce sens que je ne voudrais nullement être l’esclave d’une femme, mais l’esclave d’un homme ou plutôt d’un jeune homme que j’aimerais tellement que je me mettrais à sa merci avec tout mon être.

Voilà quelles sont à peu près les scènes de volupté qui sont

  1. mon plus grand désir est de toucher, d’enlacer le corps d’un jeune amant, qu’il me touche le membre, que je puisse embrasser son sexe et son anus