Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/250

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D’abord, quant aux ci-nommés « crimes », aux attentats contre les personnes, il est connu que les deux tiers et souvent même les trois quarts de tous ces « crimes » sont inspirés par le désir de s’emparer des richesses appartenant à quelqu’un. Cette catégorie immense de ci-nommés « crimes et délits » disparaîtra le jour où la propriété privée cessera d’exister.

— « Mais, nous dira-t-on, il y aura toujours des brutes qui attenteront à la vie des citoyens, qui porteront un coup de couteau à chaque querelle, qui vengeront la moindre offense par un meurtre, s’il n’y a pas de lois pour les restreindre et des punitions pour les retenir ! » — Voilà le refrain qu’on nous chante dès que nous mettons en doute le droit de punir de la société. Là-dessus il y a cependant une chose bien établie aujourd’hui : La sévérité des punitions ne diminue pas le nombre des « crimes ». Pendez, écartelez, si vous voulez, les assassins, le nombre des assassinats ne diminuera pas d’un seul. Par contre, abolissez la peine de mort, et il n’y aura pas un assassinat de plus. Les statisticiens et les légistes savent que jamais diminution de sévérité dans le code pénal n’amena une augmentation d’attentats contre la vie des citoyens. D’autre part, que la récolte soit bonne, que le pain soit bon marché, que le temps soit beau, — et le nombre des assassinats diminuera aussitôt. Il est prouvé par la statistique, que le nombre des crimes augmente et diminue en proportion du prix des denrées et du beau ou mauvais temps. Non pas que tous les assassinats soient inspirés par la faim. Point du tout ; mais, lorsque la récolte est bonne et les denrées à un prix accessible, les hommes, plus