Aller au contenu

Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gais, moins misérables que de coutume, ne se laissent pas aller aux sombres passions et ne vont pas plonger un couteau dans le sein d’un de leurs semblables pour des motifs futiles.

En outre, il est connu aussi que la peur de la punition n’a jamais arrêté un seul assassin. Celui qui va tuer son voisin par vengeance ou par misère ne raisonne pas trop sur les conséquences, et il n’y a pas d’assassin qui n’ait la ferme conviction d’échapper aux poursuites. D’ailleurs, que chacun raisonne lui-même sur ce sujet, qu’il analyse les crimes et les peines, leurs motifs et leurs conséquences, et s’il sait raisonner sans se laisser influencer par les idées préconçues, il arrivera nécessairement à cette conclusion :

« Sans parler d’une société où l’homme recevra une meilleure éducation, où le développement de toutes ses facultés et la possibilité d’en user lui procurera tant de jouissances qu’il ne cherchera pas à les perdre par un assassinat, — sans parler de la société future, même dans notre société, même avec ces tristes produits de la misère que nous voyons aujourd’hui dans les cabarets des grandes cités, — le jour où aucune punition ne serait infligée aux assassins, le nombre d’assassinats n’augmenterait pas d’un seul cas ; il est fort probable qu’il diminuerait au contraire de tous les cas qui sont dûs aujourd’hui aux récidivistes, abrutis dans les prisons. »




On nous parle toujours des bienfaits de la loi et des effets salutaires des peines. Mais a-t-on jamais essayé de faire la balance entre ces bienfaits qu’on