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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/331

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soit discuté dans chaque village et devienne pour chaque ouvrier, pour chaque paysan, une partie intégrante du mot Anarchie, et alors, — mais seulement alors, — nous serons sûrs que le jour de la Révolution il sera sur toutes les lèvres, qu’il s’élèvera formidable, poussé par le peuple entier, et que le sang du peuple n’aura pas coulé en vain.

Voilà l’idée qui se fait jour en ce moment au sein des anarchistes de tous pays sur la tâche qui leur incombe. Le temps presse ; mais cela même nous donnera des forces nouvelles et nous fera redoubler d’énergie pour atteindre ce résultat ; car sans cela, tous les efforts et tous les sacrifices du peuple seraient de nouveau perdus.


II


Avant d’exposer notre manière de voir sur l’expropriation, nous devons répondre à une objection, très faible en théorie, mais très répandue. L’économie politique — la pseudo-science par excellence de la bourgeoisie — ne cesse de vanter sur tous les tons les bienfaits de la propriété individuelle. — « Voyez, dit-elle, les prodiges qu’accomplit le paysan dès qu’il devient propriétaire du sol qu’il cultive ; voyez comment il pioche et remue son lopin, quelles récoltes il retire d’une terre très souvent ingrate ! Voyez enfin ce que l’industrie a su réaliser depuis qu’elle s’est libérée