Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/108

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parties de la ville s’approchèrent de son vaisseau, mirent les deux facteurs dans la chaloupe, et, se retirant avec quelque apparence de crainte, elles attendirent la réponse de l’amiral. Les facteurs étaient chargés d’une lettre du samorin pour le roi de Portugal, écrite sur une feuille de palmier et signée de sa main : elle est d’un laconisme remarquable, » Vasco de Gama, gentilhomme de ta maison, est venu dans mon pays ; son arrivée m’a fait plaisir. Mon pays est rempli de cannelle, de girofle, de poivre et de pierres précieuses ; ce que je souhaite d’avoir du tien, c’est de l’or, de l’argent, du corail et de l’écarlate. » Gama, pour toute réponse, lui renvoya ses naïres, mais retint les gens de leur suite en échange des marchandises qu’il abandonnait. Il fit remettre au samorin une pierre gravée aux armes de Portugal, que ce prince lui avait fait demander par ses facteurs. Il avait aussi demandé une statue dorée qui représentait la Vierge Marie, et qu’il croyait d’or ; mais Gama répondit qu’elle avait servi à le garantir des périls de la mer, et qu’il ne pouvait consentir à s’en défaire. Comme il allait partir, Bentaybo vint lui demander un asile sur ses vaisseaux ; le catoual l’avait dépouillé de ses biens, l’accusant d’être l’espion des Portugais. Cette disgrâce de Bentaybo prouverait plus que tout le reste que ce n’était pas sans fondement qu’il avait alarmé les Portugais sur les pernicieux projets du roi de