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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/109

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Calicut. Ce qui acheva de les manifester, c’est que, le calme ayant retenu la flotte pendant deux jours à la vue des côtes, le samorin envoya soixante tonys ou barques armées pour l’attaquer ; mais l’artillerie et le vent qui commençait à souffler donnèrent aux Portugais les moyens de prendre le large. Comme ils continuaient leur route le long des côtes, ils mirent quelques hommes à terre pour couper du bois de cannelle. Pendant ce temps un matelot découvrit du haut d’un mât huit gros bâtimens indiens qui s’avançaient à pleines voiles : l’amiral alla au-devant d’eux ; ils prirent aussitôt la fuite, et tournèrent vers le rivage. On en prit un qui était chargé de cocos et de mélasse, et qui portait quantité d’armes. On apprit des habitans du pays que cette flotte indienne était venue de Calicut. Il paraît qu’on avait déjà senti la supériorité des européens, puisque huit vaisseaux prirent la fuite devant trois.

Gama passa dix jours aux îles Laquedives pour réparer ses vaisseaux. Il brûla celui qu’il avait pris. Il fallait toucher à Mélinde pour y prendre un ambassadeur que le roi du pays avait promis d’envoyer en Portugal. La route devint pénible et dangereuse. Les tempêtes, les vents contraires, les calmes, l’insupportable excès de la chaleur dans le voisinage de la ligne, tous les maux qui sont la suite d’une longue navigation, et qui rappellent à l’homme toute sa faiblesse au milieu de ses plus grands