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res frémissant, dans l’attente d’une mort qui paraît inévitable, plus d’un navigateur calcule au fond de son âme ce qu’il y aurait à gagner pour celui qui survivrait à ses compagnons.

D’un autre côté, Ruy Lorenzo, séparé par la tempête de l’escadre d’Antoine Saldagna (de celui qui donna son nom à la baie de Saldagna, près-du cap de Bonne-Espérance), s’étant présenté devant Monbassa, battit avec sa seule chaloupe, montée de trente hommes, toute une flotte indienne, tua le fils du roi de Monbassa, et obligea ce prince de payer un tribut annuel de cent méticaux d’or. Tel était alors l’ascendant des Portugais, que leurs disgrâces mêmes les conduisaient à des victoires. Ce même Lorenzo rendit tributaire l’île de Brava, sur la côte d’Ajan, prit et brûla plusieurs bâtimens maures et indiens.

Les défaites et les disgrâces n’avaient fait qu’irriter le samorin sans l’abattre, et le départ des Albuquerque releva toutes ses espérances. Il appela sous ses enseignes tous les princes du Malabar. Ceux de Tanor, de Bespour, de Cotougan, de Corlou, et dix autres princes du même rang se rendirent à ses ordres. Son armée de terre se trouva forte de cinquante mille hommes. Il en distribua quatre-mille sur deux cent quatre-vingts pares avec un grand nombre de canons qui devaient battre le nouveau fort des Portugais. Ses troupes de terre devaient forcer le passage d’une ri-