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vainqueur, assurant qu’il n'avait pas été le maître de séparer sa flotte de celle du soudan d’Égypte. On renouvela le traité. Le royaume de Chaül, entre Cambaye et Cochin, se soumit aussi volontairement à payer un tribut au Portugal.

Almeyda, en prenant Daboul et en battant le soudan d’Égypte, s’était emparé d’une gloire qui devait légitimement appartenir à son successeur. La flotte qui était venue se joindre à lui portait l’ordre de remettre le commandement entre les mains d’Albuquerque, nommé vice-roi des Indes ; mais Almeyda ne voulut céder à personne le soin de venger son fils et donna le dangereux exemple de retenir le commandement au delà du terme prescrit, exemple qui ne fut que trop imité par la suite, et qui causa plus d’une fois de funestes querelles. Almeyda alla plus loin : Albuquerque réclamant ses droits avec la hauteur qui lui était naturelle, il osa le faire arrêter et l’envoyer prisonnier à Cananor ; le fier Albuquerque fut mis dans les fers. Il semble que ce dût être le sort de presque tous ces conquérans d’essuyer cette humiliation. Colomb, à qui l’on devait un nouveau monde, avait reçu en Espagne le même traitement. Le fameux Cortès ne fut guère mieux récompensé. Le même sort attendait peut-être Almeyda à Lisbonne ; mais, la mort l’y déroba. Il était parti de Cochin après que Ferdinand de Coutinho, venu de Portugal avec treize vaisseaux et des pouvoirs ex-