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nin. Ils en tiraient des esclaves, du sucre, du riz, des étoffes de coton, de l’ambre gris, de la civette, des dents d’éléphans, du salpêtre, des pierres ponces, des éponges, et quelque petite quantité d’or que les insulaires tiraient eux-mêmes du continent.

Toutes les îles du cap Vert étaient presque inhabitées lorsqu’elles furent découvertes par les Portugais. Les établissemens particuliers s’étaient mal soutenus, parce qu’ayant manqué de vivres, la famine en avait ruiné plusieurs. La pluie leur avait aussi manqué long-temps. À peine se souvenait-on dans les îles de Bona-Vista, de Mayo, et particulièrement dans l’île de Sal, d’en avoir vu depuis six ou sept ans. Il n’en était tombé du moins que dans les montagnes, où les habitans racontent que les nuées se rassemblent, et qu’étant beaucoup plus pesantes, elles se fondent pour arroser inutilement les lieux stériles et déserts. Les îles de Sal, de Bona-Vista et de Mayo, qui sont fort plates, arrêtent d’autant moins les nuées qui sont continuellement chassées par le vent ; et c’est à cette raison qu’on attribue la sécheresse qui règne dans ces trois îles.

Sal, Sainte-Lucie et Saint-Vincent, trois des plus grandes îles du cap Vert, n’ont aucun habitant, tandis que les autres sont assez bien peuplées de Nègres et de Mulâtres. On en donne une raison qui mérite d’être rapportée. Les premiers Portugais, surtout ceux de San-Iago, se procuraient des Nègres de Guinée pour le travail de leur colonie ; mais, comme la plupart