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ne menaient pas une vie fort régulière, ils se croyaient obligés, en mourant, de donner la liberté à quelques-uns de ces misérables esclaves pour expier une partie de leurs déréglemens. Après avoir reçu la liberté, la plupart ne pensaient qu’à s'éloigner de leurs tyrans, et passaient dans les îles voisines, où l’air différant peu de leur climat naturel, ils trouvaient le moyen de s’établir heureusement. Les Portugais, voyant leur prospérité, y passèrent après eux. Mais le commerce du Portugal déclina bientôt dans cette partie de l’Afrique, lorsque les autres nations de l’Europe eurent pénétré dans la Guinée et jusqu’aux Indes orientales. Alors le nombre des Nègres, qui n’avaient pas cessé de se multiplier, devint si supérieur à celui des blancs, que ceux-ci, pour éviter la honte de la soumission, se retirèrent à San-Iago ou en Portugal. Ceux qui restèrent dispersés parmi les Nègres n’eurent plus d’autre ressource que de se joindre à eux par des mariages, qui produisirent cette race couleur de cuivre dont toutes ces îles se trouvent peuplées. Le roi de Portugal, observant ce qui était arrivé dans l’espace de plusieurs années, donna la plupart des îles du cap Vert aux seigneurs de sa cour, et ne se réserva que celles de San-Iago, à laquelle il a joint dans ces derniers temps Saint-Philippe. Cependant le gouverneur de San-Iago prend le titre de gouverneur-général de toutes les îles du cap Vert, et de la côte de Guinée depuis la rivière du Sénégal jusqu’à Sierra-Leone. Les