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Page:La Revue hebdomadaire 1896 n 228-232.pdf/626

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Deux ou trois marches gravies, et nous nous trouvons de plain-pied, après avoir traversé une petite chambre où rien ne retient nos regards, dans le cabinet de travail du vieillard. Il est tout là-bas, blotti dans un des coins les plus reculés de la pièce, enfoncé dans un fauteuil sans style, d’où il se soulève à notre approche. De haute stature, mais voûtée par les ans, le docteur Pietro Pagello a conservé une verdeur qui n’accuse pas son âge. Mais on a peine à évoquer, devant ce masque sénile, le brillant cavalier des temps romantiques et romanesques.

C’est avec une véritable effusion que nous accueille M. Pietro Pagello, qui parait flatté, malgré tout, de la recherche dont il est l’objet. Comme nous balbutions un remerciement, M. Pagello fils nous prévient que son père est tout à fait sourd, et qu’il sera préférable, comme il nous l’a proposé, de s’en tenir à une conversation par écrit. Nous acceptons ce mode d’interview, dont la nouveauté n’est pas pour nous déplaire, et, assis à la table qu’on nous désigne, nous établissons notre questionnaire.

Ce qui nous préoccupe avant tout, c’est de connaitre l’impression de M. Pagello sur l’article que nous avons publié dans la Revue hebdomadaire un mois auparavant. Avons-nous bien interprété la pensée de celui qui nous a fait l’honneur d’une lecture que nous avons sue très attentive ? Nous cédons la parole à M. Pagello

« C’est un écrit d’honnête homme très proche de la vérité, et que j’ai trouvé pourvu d’une bienveillance dont je tiens à vous remercier mais certains détails vous ont échappé, et on ne saurait vous en vouloir, puisque vous ne les connaissez pas. Je vais donc, selon votre désir, compléter les renseignements que vous sollicitez. Mais ma mémoire, toute fidèle qu’elle soit,