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Page:La Revue hebdomadaire 1896 n 228-232.pdf/629

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« Je ne dois pas oublier de vous faire connaître un talent particulier de George Sand : elle dessinait admirablement, mais c’était surtout dans la charge qu’elle se plaisait. Ses caricatures étaient des plus drolatiques ; elle vous croquait une personne en deux coups de crayon, alors même qu’elle ne l’avait vue qu’une seule fois. Ma fille aînée a gardé quelques-uns de ces dessins qu’elle pourra vous montrer…

« George Sand buvait beaucoup de thé pour s’exciter, au travail… »


Ce disant, le vieillard se penche vers une armoire vitrée, à laquelle son fauteuil se trouve adossé, en retire une tasse à larges bords, de contours élégants, munie de sa soucoupe, d’une profondeur inusitée. Cette tasse présente cette particularité qu’elle semble être d’étain fin, alors qu’au toucher il est aisé de reconnaître que la matière qui la constitue est une poterie vernissée, une de ces terres à reflets stannifères comme on en fabrique, nous a-t-on assuré depuis, dans les environs de Venise.

Après l’avoir considérée avec attention, nous la restituons à M. Pagello, qui nous prie de la conserver, en souvenir de notre entrevue.

« De tout le service, il ne me reste plus que quatre tasses », nous dit le vieillard, qui veut sans doute nous témoigner de la sorte quelle valeur il attache à son cadeau ; nous l’en remercions d’autant plus vivement et le prions, pour mettre le comble à sa gracieuseté, d’accompagner son don de quelques lignes qui lui serviront comme de certificat d’origine.

D’une écriture un peu tremblée, le docteur Pagello trace ces caractères :