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Page:La Revue hebdomadaire 1896 n 228-232.pdf/631

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d’autres écrivains ? Mais c’était la saison des vacances, et ils étaient à peu près tous à la campagne.

« Quant à Musset, je lui ai rendu plusieurs fois visite ; j’en ai toujours reçu un accueil des plus courtois, mais dépourvu de toute expansion cordiale. Je n’ai conservé de rapports qu’avec un Français, un ami de Musset, M. Alfred Tattet, un original s’il en fut, très amateur de vin de Chypre, dont il se faisait tous les ans envoyer d’Italie un tonnelet ; enfin un bon vivant, comme vous dites en France. Nous avons échangé pas mal de lettres, mais je ne sais dans quel coin elles peuvent se trouver aujourd’hui, j’ignore si je les ai même conservées.

« J’habitai à Paris, rue des Petits-Augustins, à l’hôtel d’Orléans. Je passais mes matinées dans les hôpitaux. J’ai suivi les services de Lisfranc, d’Amussat, de Broussais, qui avait à l’époque une vogue extraordinaire.

« J’ai à peine vu Mme Sand ; elle m’avait fait inviter par le précepteur de ses enfants, M. Boucoiran, à aller passer quelques jours à Nohant. J’ai refusé l’invitation et j’ai préféré regagner l’Italie.

« Depuis mon retour dans ce pays, je n’ai plus reçu la moindre nouvelle de la Sand. J’étais au courant de ses succès littéraires par les journaux, et c’était tout…

« J’ai appris sa mort tout à fait par hasard, mais je n’en ai pas été directement avisé… »


« J’étais adolescent, nous dit à son tour, intervenant dans la conversation, M. le docteur Pagello fils, lorsque les journaux firent connaitre la mort de la Sand. Je me souviens très bien que mon père accomplit, comme à son ordinaire, les devoirs de sa profession et qu’il accueillit la nouvelle avec la plus complète indifférence. Il parla en famille de cette femme comme s’il l’eût à peine connue : un demi-siècle s’était écoulé sans