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Page:La Revue hebdomadaire 1896 n 228-232.pdf/632

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une lettre, sans un salut. Ce fut l’assurance de la mort d’une bohémienne (sic), que mon père, au sein de sa famille, recordait (c’est-à-dire dont mon père évoquait le souvenir)… Le passé était mort, bien avant la mort de la Sand !

« Tenez, laissons cela et quittons ce sujet de conversation. Voulez-vous que je fasse passer sous vos yeux les quelques objets de curiosité que nous possédons… Avant de quitter cette pièce, il faut que je vous montre un objet qui a un caractère, comment dirais-je ? historique. C’est une tasse en porcelaine de Sèvres, qui a une origine assez curieuse et que je veux vous conter.

« Le prince de Rohan campait avec les Autrichiens dans une propriété de mon grand-père, à deux milles de Castelfranco. Survient Masséna avec ses troupes. Les Autrichiens n’eurent que le temps de battre en retraite, sans pouvoir enlever les campements. Le lendemain, un paysan au service de mon grand-père lui rapportait la tasse que voici, qu’il avait trouvée sous la tente du prince, et qui contenait encore des débris du chocolat que le seigneur français était en train de prendre au moment où il avait été surpris par les troupes de Masséna.

Les tableaux que vous voyez là ont aussi leur prix voici un tableau de Tempesta, deux aquarelles de Bisson, une tête de Schidone. Le reste ne vaut pas une mention.

« À ce propos, je voudrais bien que vous m’aidiez à détruire une légende : Dans une des lettres de G. Sand à Alfred de Musset, qu’a publiées la Revue de Paris, la romancière prétend qu’elle avait soumis à un expert les tableaux que mon père avait apportés en France ; que ces tableaux, de l’avis de l’expert, ne valaient rien, mais qu’elle en avait néanmoins offert à mon père la somme de deux mille francs, « ajoutant le pro-