Page:La Vallée-Poussin - Bouddhisme, études et matériaux.djvu/39

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encore les faux jugements particuliers qui le livrent à la soif ; et la soif l’enfonce dans l’erreur — remarque très profonde — car uu de ses fruits, c’est, par exemple, l’idée fausse (samsJcâra) : «Je suis », etc.

2. La soif est, par définition, désir, complaisance dans ce qui est agréable ; mais on distingue plusieurs catégories de soif :

a. Elle est sextuple, puisqu’elle naît à l’occasion des six espèces de vedanâs causées par les six organes et les six objets des organes.

b. Elle est triple, puisqu’elle naît à l’occasion de la vedanà agréable, désagréable, ni désagréable ni agréable (ou neutre) : la soif samyogàrthani, à l’égard de la vedanà agréable, pour la garder ou la posséder : c’est-à-dire ràga, attachement ; la soif viyogârtham, à l’égard du désagréable, pour en être débarrassé ou l’éviter : c’est-à-dire dvesa, pratigha, aversion, haine ; soif à l’égard de la troisième vedanà, tasyà api nityam aparihhramèârtham, « pour ne jamais en déchoir » : c’est là, sans doute, le sentiment qu’on peut éprouver à l’égard de l’état obtenu ou à obtenir dans certaines méditations sublimes (Voir MadhyamaJcam-tti, p. 555) (1).

c. Elle est triple, d’après la formule même de la deuxième noble vérité : kàmatrsnà (bhoga°), soif des jouissances s^ensibles ; hhavafrsnà, soif des existences, de l’existence [dans la sphère supérieure au l-àmadhàhi ? ?] ; vibhavatrsnâ, sur laquelle on a beaucoup discuté chez nous, soif du pouvoir d’après quelques interprètes, ou soif de l’anéantissement ou de la non existence (exégèse qui est, au moins, celle de vibhavadrsfi), on soif viyogârtham ( ?). Voir notamment Suitanipàta, 856, 867 ; Atthasàlirû, § 745 adfinem ; Oldenberg, Buddha’’p. 243 ; Rhys Davids, SBE, xi, 148, xxxvi, 190 ; Pischel, Lehen des Buddha (Leipzig, 1906), 28 ; Garbe, Deutsche Lit. Zeiiung, 15 déc. 1906.

3. Les relations sont intimes, dans le canon et dans la scolastique, entre la soif et Vupàdàna, neuvième terme de la série.

(1) Mais les anciens textes donnent pour correspondant à la vedanà ‘neutre’, le moha, erreur, confusion, dulness (Voir Dhammasangani, § 1061, sur moha et upeksà, JPTS. 1884, p. 1).