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CHAPITRE SEPTIÈME

LES MANCHES OU BERLUÉS

Et ce jour vous sera en mémorial, et vous le célébrerez, dans vos âges, comme une fête solennelle.
(Exode, xii, 14.)

On appelle manches ou berlués les repas que nos bergères et nos jeunes pâtours[1] font, dans les champs, le lundi et le mardi de Pâques. En quelques parties du Berry, les manches sont encore connues sous les noms de bériot, berlié[2].

Nous disons faire la manche, faire une manche, et le mot manche est ici pour mange, par le changement du g en ch, ce qui se voit assez fréquemment. Or, dire faire la manche ou la mange, c’est dire faire le repas, ou, si l’on veut, faire la pâque, car, selon nous, il serait bien plus naturel de dériver le mot pâque ou pasque, comme on l’écrivait autrefois, du verbe latin pasco[3] que de je ne sais quel mot hébreu signifiant pas ou passage.

La manche de la Chaume de Chavy, près la Châtre, fut toujours l’une des plus renommées. Les bergères de tous les environs y accourent en foule. On y mange force œufs durs,

  1. Petits pâtres.
  2. Voy. ces mots dans le Glossaire du Centre.
  3. Lampride emploie pasco dans le sens de traiter, donner à manger, et pastus, qui n’est que le participe de pasco, désigne, dans Pline, aussi bien la nourriture de l’homme que la pâture des animaux.