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souvenirs

s’amusent à lancer dans les airs. De très-vieilles personnes nous ont assuré que cet exercice était anciennement accompagné d’un chant bizarre et presque inintelligible, où les mots : grand soulé ! p’tit soulé ! (grand soleil ! petit soleil !) revenaient à plusieurs reprises et en manière de refrain.

Ce divertissement des jeunes filles de la commune de Lacs n’est pas sans analogie avec l’ancien jeu de l’éteuf, autrefois en usage sur quelques points de notre province, et dans lequel des jeunes gens se jetaient, se renvoyaient et parfois se disputaient de grosses balles couvertes de velours. Le jour de la Pentecôte, on se livrait à un amusement de cette espèce à Palluau[1], ainsi qu’à la Chapelle-d’Angillon[2]. À Quantilly, c’était le jour du Saint-Sacrement ou de la fête du Soleil (solstice d’été !) — On sait que l’on désigne encore le saint sacrement sous le nom de Soleil.

L’Église avait aussi, en Berry, ses fêtes solaires : — « Le jeu de la Sole, dit M. Raynal[3], avait lieu jadis, dans le diocèse, aux fêtes de saint Ursin et de saint Jean l’évangéliste (27 et 29 décembre, — solstice d’hiver !)… À Bourges, la sole ou cheole[4], soule ou soulette était un ballon gonflé d’air : c’était


    Koridwen (la fée blanche), espèce de Cybèle gauloise, faisait bouillir dans sa chaudière. (Voy. de la Villemarqué, Barzaz-Breiz, t. I, p. 19.) — Ces six plantes étaient la primevère, le sélage ou herbe d’or, la jusquiame ou herbe apollinaire, le samolus, la verveine et le trèfle. Les magiques vertus de ces divers végétaux se trouvaient concentrées dans le gui, la plante par excellence. À notre connaissance, trois de ces herbes passent encore, en Berry, pour avoir de puissantes propriétés ; ce sont la verveine, le trèfle (à quatre feuilles) et le sélage, qui paraît n’être autre chose que la sabine, arbuste qui, après le buis, occupe, dans la plupart de nos rustiques vergers, la seconde place d’honneur. — Voy. dans Pline, liv. XXIV, ch. 62, quelles singulières précautions l’on prenait pour cueillir le sélage.

  1. Voy., plus loin, à la table alphabétique : Recarrelage.
  2. Bouchel, Bibliothèque du droit français, au mot Quintaine ; — M. Raynal, Hist. du Berry, t. II, p. 209.
  3. Hist. du Berry, t. III, p. 190.
  4. Voy. le mot cheolare dans le Glossaire de du Cange. — Heol, en celtique, comme hêlios, en grec, signifie soleil ; c’est ainsi que le Bel ou Belen gaulois, est le même que le Bel ou Baal chaldéen et phénicien.