Aller au contenu

Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

88
souvenirs

Ce divertissement était autrefois répandu partout le royaume. En 1493, le prévôt de Paris défend « à tous les varlets de jouer au jeu de la soule parmy les rues[1]. »

Il y a bien longtemps, il existait à la Châtre, ainsi que par toute la France, un usage dont les populations de nos pays n’ont gardé aucun souvenir, mais que l’on peut encore considérer comme un reflet du sabéisme. Nous voulons parler de l’antique pèlerinage de Saint-Michel-sur-Mer.

On sait que le Mont-Saint-Michel en Normandie portait, dans le principe, le nom de Mont-Belen, ou de Montagne du soleil[2], et que, sous l’ère gauloise, il y florissait un collége de druidesses vers lesquelles on était dans l’habitude de députer des jeunes gens pour en obtenir, en retour du plus tendre des hommages, des flèches merveilleuses qui, lancées contre les nuages, avaient la propriété d’apaiser les tempêtes[3].


Lors de l’établissement du christianisme en ces lieux, Belen, le splendide Heol gaulois, dut naturellement être remplacé par l’hôte le plus brillant du nouvel Olympe, par l’archange saint Michel, le prince du ciel, le vainqueur par excellence du prince des ténèbres ; mais ce changement de divinité ne semble point avoir interrompu les excursions au rocher de Belen.

Les traditions suivantes établissent d’évidents rapports entre les représentants des deux cultes qui, l’un après l’autre, consacrèrent le rocher neustrien : — « Lorsque la guerre devait éclater entre la France et l’Angleterre, saint Michel illuminait, durant la nuit, la campanille de son temple d’une clarté plus resplendissante que la lumière du jour, et qui s’épanchait

  1. Alexis Monteil, Hist. des Français. t. II, p. 259 et 528.
  2. Noual de la Houssaye, Voyage au Mont-Saint-Michel, p. 82 et suiv.
  3. Voy., pour plus de détails, Strabon, liv. IV ; — Pomponius Mela, liv. IV ; — Pelloutier, Hist. des Celtes, liv. IV, note 208 ; — Deric, Introd. à l’hist. ecclés. de la Bretagne, p. 312 et 313 ; — Marchangy, Tristan, t. II, p. 240 et suiv.