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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/127

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souvenirs

de ce pays, à leur retour du pèlerinage de Saint-Michel, offrent à la très sainte Vierge, en actions de grâces de ce qu’elle les a préservés d’accident pendant leur voyage. »

Au reste, la dévotion au Mont-Saint-Michel était telle, dans certaines provinces, qu’il n’y a pas très-longtemps encore, un jeune homme du département d’Ille-et-Vilaine n’aurait pas osé demander une fille en mariage s’il n’avait auparavant fait au moins un voyage à ce lieu vénéré[1].

Nous croyons encore entrevoir les traces du culte solaire dans le plus célèbre de nos pèlerinages berrichons, celui de Sainte-Solange, la patronne du Berry[2].

Nous allons déduire le plus succinctement possible les raisons et les faits sur lesquels nous basons nos conjectures.

Notre savant compatriote, le père Labbe[3], avoue que l’on ne sait à quelle époque vivait cette sainte, d’origine berrichonne ; par conséquent, il est impossible d’assigner un commencement aux honneurs que lui rendent en foule les habitants du Berry et ceux des provinces environnantes, et il est permis de croire que sa personnalité est plus ou moins historique.

Le nom si harmonieux de Solange ne doit pas signifier autre chose que solis angelus, solis genius, et nous suivons, en cela, l’exemple des Gaulois, qui appelaient Apollon ou le dieu Bel « l’ange de la lumière[4]. » Cette personnification féminine du soleil n’a du reste rien d’insolite, car on sait que, chez les Indiens et les anciennes populations germaniques, le soleil était représenté par une

  1. Mémoires de l’Académie royale des antiquaires, t. IV, année 1823.
  2. Voy., pour plus de détails sur cette sainte et sur ce pèlerinage, l’Histoire du Berry de M. Raynal ; t. I, p. 311 et suiv., et les Pieuses légendes du Berry de M. Just Veillat.
  3. Le jésuite Philippe Labbe, né à Bourges en 1607, mort en 1667. — « Savant infatigable, dit M. Raynal, il a publié de nombreux ouvrages d’érudition et notamment la grande Collection des conciles. » (Hist. du Berry, t. III, p. 464.)
  4. Jean Reynaud, l’Esprit de la Gaule, p. 109.