Aller au contenu

Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

xix
introduction

dont le cœur est rempli de foi, ceux dont l’imagination est toute fleurie !

Avant donc que le démon du scepticisme, si ennuyeux, si ennuyé, pénètre tout à fait dans nos villages, et fasse envoler le dernier de nos farfadets ; avant que l’école mutuelle condamne et supprime notre dernière locution gauloise ; avant enfin que le railway, ce révolutionnaire sans le savoir, achève de transformer l’univers, en imprimant aux mœurs et aux pensées du genre humain ce caractère d’uniformité d’où doit naître un immense ennui qui amènera infailliblement la fin du monde ; que ceux qui professent encore le culte des antiques souvenirs ; que ceux qui aiment les usages du passé, le langage d’autrefois, les récits merveilleux, les bons mots et les bons contes assaisonnés de ce gros sel gaulois dont le haut goût plaisait tant à Rabelais, se hâtent de recueillir les légendes, les proverbes, les coutumes originales et les façons particulières ou plaisantes de s’exprimer de nos paysans.

Sous ces divers rapports, il y a, croyons-nous, une ample moisson à faire sur tous les points de l’ancien Berry, et principalement dans les cantons qui composent aujourd’hui le département de l’Indre.

Vers la fin du dix-huitième siècle, les mœurs et les coutumes berrichonnes différaient encore tellement de celles du reste du royaume, que Mirabeau, l’auteur de l'Ami des hommes, frappé de la civilisation arriérée de ces populations, conseillait au roi « de réunir le