Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

32
souvenirs

La parade du bœuf villé est encore une cérémonie symbolique que nous ont léguée les religions primitives. Nous avons déjà vu quel rôle important joue le bœuf dans la mythologie de plusieurs peuples anciens, tels que les Hindous, les Égyptiens, les Grecs, les Gaulois, etc. — Chez les Hindous, la vache était regardée comme l’emblème de la fécondité de la nature. Une de leurs légendes religieuses raconte que l’homme naquit du souffle du taureau ; une autre assure que, dans l’origine des temps, un œuf qui renfermait le chaos fut brisé d’un coup de corne par le taureau, qui en fit sortir le monde. — Le taureau est — sans doute ici l’emblème du soleil qui féconde la terre représentée par l’œuf. — La vache est encore tellement vénérée dans les Indes, que les fakirs, sorte de moines mendiants de ces pays, n’emploient pour combustible que la fiente desséchée de cet animal, croyant, en agissant ainsi, faire acte de dévotion.

D’énormes taureaux ailés, à face humaine et dont la tête était surmontée d’une sorte de tiare étoilée, représentaient, dans les temples de Ninive et de Babylone, le dieu Soleil. Le musée assyrien de Paris abonde en spécimens de cette étrange et gigantesque statuaire. — Dans la religion primitive des Égyptiens, le soleil, le feu ou le principe mâle, était personnifié par Osiris, auquel ils donnaient la figure du taureau Mnévis, Onuphis ou Apis ; et Isis, c’est-à-dire la terre, l’humidité, ou le principe femelle, était symbolisée par une génisse. — Lorsque les Hébreux se prosternaient devant le veau d’or, ils ne faisaient qu’imiter l’idolâtrie des Égyptiens, et sans doute les Druses, qui ont fait tant de bruit en 1860, et dont la principale divinité est un veau, ont hérité cette superstition de ces deux peuples.

À Athènes, pendant les Buphonies, fêtes qui se célébraient au commencement de juin, on immola d’abord des bœufs, puis on se contenta de les faire figurer dans ces solennités