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CHAPITRE SIXIÈME

LES RAMEAUX.
LE GUI ; — LE BUIS ; — L’AUBÉPINE, ETC.

……Et frondes sunt in honore novæ.
(Ovide, Fastes, liv. III, v. 136.)

À voir la persévérance avec laquelle tant de peuples, de contrées, d’époques et de mœurs si différentes, adoptent les mêmes superstitions, affectionnent les mêmes chimères, il semblerait que sur cette mer sans bornes où, depuis les premiers âges, s’égare, à la recherche du merveilleux, la folle imagination de l’homme, il existe de certains courants auxquels elle se plaît surtout à s’abandonner ; mais cette conformité de sentiment en matière pareille, c’est-à-dire dans ce que les rêves de l’esprit humain peuvent enfanter de plus capricieux, indique simplement que la civilisation de la plupart des sociétés modernes découle originairement de la même source.

Malgré les progrès de la raison, malgré les efforts du christianisme qui, depuis plus de dix-huit siècles, ordonne à nos paysans de « dépouiller le vieil homme pour revêtir l’homme nouveau », le vieux Gaulois, l’ancien disciple du druide, point toujours, çà et là, à travers leur écorce chrétienne et française ; car l’influence de l’éducation première est encore plus puissante chez les nations que dans les familles.