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VINGT-CINQUIÈME LECTURE.

NAISSANCE DE SOMA.

Vêsampâyana dit :

Ô roi, le père de Soma fut le divin Richi, nommé Atri[1] qui naquit quand Brahmâ de sa pensée forma la première création. Atri se trouva bientôt entouré d’une foule d’êtres de toute espèce qui étaient ses enfants. Grand par ses œuvres, ses pensées, ses paroles, bon envers toutes les créatures, animé par la dévotion, parfait dans ses actions, il était devenu pour les choses du monde insensible comme le bois et la pierre[2]. Il pouvait pour se mortifier tenir constamment son bras élevé[3] ; les feux de sa pénitence l’entouraient d’un brillant éclat ; et pendant trois mille ans, dit-on, il avait supporté la rigueur de ces austérités incomparables. Tandis que ce vertueux personnage demeurait les yeux fixes et immobiles[4], subissant toutes les privations de la continence[5], son corps produisit la substance de Soma : cette substance, ani-

  1. Toute cette lecture est une fable astronomique, dont il faut chercher l’explication dans les phénomènes célestes. Je ne donnerai pas au lecteur mes propres conjectures, dans la crainte de l’induire en erreur : je le prie seulement de remarquer que tous les personnages dont il sera question appartiennent à la sphère céleste. Soma, c’est la lune. Atri est une des sept étoiles qu’on appelle les sept Richis, et qui forment la constellation de la grande Ourse : M. Colebrooke (Rech. asiat t. ix, pag. 358) nous apprend qu’Atri est une des étoiles du carré, au coin du N. E. Wilford (ibid, pag. 83) dit que c’est l’étoile γ. Vrihaspati est la planète de Jupiter ; Ousanas ou Soucra, c’est Vénus, et Boudha, c’est Mercure. Târâ est un mot par lequel on désigne une étoile.
  2. C’est là une qualité du pénitent arrivé à la perfection. On cite comme exemple de cette insensibilité ces Mounis, autour desquels des fourmis forment et construisent leurs habitations sans être dérangées par aucun mouvement. Voyez Sacountâla, act. vii.
  3. Genre de mortification encore très-commun dans l’Inde. Par suite de cette habitude contractée en esprit de pénitence, les articulations du bras s’endurcissent tellement qu’on ne peut plus l’abaisser.
  4. C’est ici un privilège des dieux, dont la paupière est toujours fixe. Voyez à ce sujet une note de M. Wilson, dans sa traduction du théâtre indien, acte iiie de Vicramorvasî.
  5. Le pénitent qui se livre à cet acte de mortification s’appelle Oûrddhwarétas.