Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

héritage une part égale à celle de ses fils. Le Harivansa rapporte également que le Manou Vêvaswata eut neuf fils et une fille, et que ses états furent divisés en dix parts. Ce seul trait me déciderait à reconnaître l’Hercule de Mégasthène dans Vêvaswata ; mais il y a plus : le poëte indien et l’historien grec s’accordent à placer sa demeure ordinaire dans le Doab ou la presqu’île formée par le Jumna et le Gange ; ils lui donnent pour capitale une ville fondée au confluent de ces deux rivières, et insinuent que cette partie occidentale de ses domaines fut celle que sa fille obtint en partage.

Arrien nous dit encore qu’Hercule avait laissé pour administrer l’Inde en son absence un certain Spartembas, Spatembas ou Scatembas, désigné par l’épithète de βακχωδέστατος. Je crois que le mot Spartembas[1] dans son état actuel d’altération, remplace le mot Tchandramas, nom du père de la race lunaire. Ce Tchandramas eut pour fils et successeur immédiat Boudha, qui épousa la fille de Vêvaswata, et dont le nom se trouve exactement reproduit dans celui de Boudias, fils de Spartembas. On comprend alors bien mieux par quelle influence Vêvaswata fut poussé à favoriser dans sa succession sa fille autant que ses fils : en appuyant les intérêts de sa belle-fille, le régent Tchandramas assurait un trône à ses petits-enfants. Suivant l’historien grec, le fils de ce Boudias se nommait Cra-dévas. D’après l’auteur du Harivansa, ce prince dut porter le nom de Pouroûravas et le surnom d'Êla, du nom de sa mère qui s’appelait Ilâ. Or ce mot ilâ s’écrit et se prononce aussi[2], suivant les dialectes,

  1. Les noms propres sont toujours dénaturés en passant d’une langue dans une autre, surtout quand l’usage d’un peuple est de les rendre significatifs. À ce sujet, voyez (Nouveau Journal asiatique, n° 74, pag. 188) la manière dont un Arabe a altéré les noms de Bonaparte, de Kléber et de Menou. Il en était de même chez les Indiens, et les Grecs n’ont pas été plus réservés sur cet article : Tchandramas ou Chandamas, Scademvas ou Scatemhas.
  2. C’est ainsi que le nom de la province de Drâvida se dit aussi Drâvira : le d est ici celui que l’on appelle cérébral.