Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/154

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donné par Indra à Vasou, roi de Tchédi, en récompense de sa piété : après lui, Vrihadratba le posséda, et le laissa en héritage à son propre fils. Après avoir tué Djarâsandha, Bhîma en fit présent au fils de Vasoudéva, à Crichna son allié et son ami.

Le fils de Nahoucha, Yayâti, maître des sept Dwipas et de leurs mers, divisa la terre en cinq parties pour ses enfants. Dans sa sagesse, il donna le sud-est à Tourvasou, l’occident et le septentrion à Drouhya et à Anou, le nord-est au fameux Yadou, et le milieu à Poûrou qu’il fit sacrer roi. Ces princes gouvernèrent donc les sept Dwipas et les villes qui en dépendent dans les limites que je viens de te dire, et se firent remarquer par leur justice. Noble rejeton de Courou, je t’apprendrai quels ont été leurs enfants.

Laissant à ces cinq fils le soin des affaires, Yayâti quitta l’arc et les flèches ; sa faiblesse ne lui permettait plus de porter le poids du gouvernement. L’invincible monarque, ainsi désarmé, contemplait avec plaisir la terre qu’il avait partagée à ses enfants. Il dit un jour à Yadou : « Mon fils, charge-toi de ma vieillesse et de ses incommodités[1] ; laisse-moi revêtir ta jeunesse, que je puisse sous cette forme parcourir encore la terre. » Yadou lui répondit : « Ce n’est point ici la charité[2] que demande le Brahmane mendiant, et qu’on ne peut s’empêcher de lui accorder. Ô roi, je ne saurais prendre votre vieillesse avec tous ses inconvénients. La vieillesse est sujette à mille souffrances que lui cause la nécessité de boire et de manger. Par conséquent je ne puis accepter cette proposition. Vous avez d’autres fils qui vous sont plus chers que moi. Prince, choisissez parmi eux quelqu’un qui accède à vos désirs. » Ainsi parla Yadou ; et le puissant Yayâti, outré


    car le mot चक्र​ tchacra signifie aussi roue d’un char.

  1. On raconte que le père de Dévâyanî, irrité du mariage secret d’Yayâti avec Sarmichthâ, condamna ce prince à une vieillesse anticipée, et lui permit ensuite, à la prière de Dévâyanî elle-même, de faire passer cette vieillesse à l’un de ses enfants. On peut croire que ce conte a été fait pour désigner une incapacité légale, ou une espèce de captivité à laquelle ce prince aurait été condamné, et dont il se serait délivré en substituant à sa place un de ses fils. Cette histoire a fourni le sujet d’un drame en sept actes, dont M. Wilson donne l’analyse dans son ouvrage sur le théâtre indien.
  2. Le mot sanscrit qui désigne cette aumône, est भिक्षा bhikchâ. Il y a quatre ordres religieux appelés आश्र्म​ âsramas, dont le quatrième est l’ordre des mendiants. Il ne faut pas refuser l’aumône à un mendiant ; car sa malédiction est inévitable. Voyez, dans le drame de Sacountalâ, l’effet de la malédiction de Dourvâsas.