Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/172

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superbe Bhadrasrénya, qui, comme je l’ai dit plus haut, régna sur Bârânasi. Bhadrasrénya eut pour fils Dourdama ; et Dourdama, le sage Canaca. Canaca fut le père de quatre fils célèbres dans le monde, Critavîrya, Critôdjas, Critadhanwan et Critâgni. Critavîrya eut pour fils Ardjouna, qui, armé de mille bras[1], devint le maître des sept dwîpas[2], et seul parcourut le monde en vainqueur sur un char brillant comme le soleil. Après dix mille ans d’une pénitence rigoureuse, il avait obtenu de la bonté d’Atri quatre dons merveilleux : c’étaient d’abord mille bras forts et vigoureux[3] ; c’était la faculté de prévenir avec l’aide des gens de bien les mauvaises pensées des impies, de s’illustrer par ses victoires et sa terrible justice sur la terre, et de terminer sa vie après mille combats heureusement soutenus, après mille ennemis terrassés, au milieu d’une bataille qui couronnerait sa carrière glorieuse.

Par la vertu de la piété du saint Richi, les mille bras de ce prince, ô fils de Bharata, apparaissaient, dit-on, au moment du combat. C’était une espèce de magie : et la terre avec ses sept dwîpas, avec ses montagnes, ses mers et ses villes, ressentit la force terrible d’un semblable vainqueur. On dit, ô Djanamédjaya, que dans les sept dwipas ce roi fit sept cents sacrifices, suivis de cent mille présents : les poteaux où se trouvaient attachées les victimes, ainsi que les tabernacles[4] étaient d’or. Ces sacrifices étaient honorés de la présence des dieux assis sur leurs chars divins[5], et toujours embellis par les chants des Gandharvas et des Apsarâs.

Dans une de ces solennités, un sage Ghandharva[6], Nârada, fils de Varîdâsa, frappé de la grandeur de ce prince, célébra ainsi sa gloire : « Aucun


    mettent plus haut parmi les provinces de l’ouest ; le confondant avec le Kêkaya, et le prenant pour le Caboul. Voy. la xcixe lecture.

  1. On lui donne pour cette raison l’épithète de Sahasrabâhou.
  2. Les Indiens partagent la terre en sept provinces, ou plutôt en sept îles (dwîpas) séparées les unes des autres par un océan particulier. Le Djambhou-dwîpa, qui est l’Inde, occupe le centre. Voyez pour ces notions le tome viii VIII des Recherches asiatiques.
  3. Le lecteur comprend que ces mille bras désignent les nombreuses armées de ce puissant monarque.
  4. J’ai rendu ainsi le mot वेदि védi. Tantôt c’est une place carrée dans la cour d’un temple ou d’un palais, contenant une espèce d’estrade, et couverte d’un toit que soutiennent des colonnes. Tantôt c’est un simple autel, qui peut avoir différentes formes, et sur lequel on place les vases du sacrifice, on allume le feu sacré, on attache la victime. Ainsi s’explique M. Wilson. J’ai suivi le premier sens.
  5. Ces chars s’appellent विमान​.
  6. La première partie du Brahmavèvarta-pourâna raconte comment le Richi Nârada, fils de Brahmâ, fut condamné à renaître comme Gan-