Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/199

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servateur des quatre holocaustes[1], savant dans les quatre Vèdes, protecteur des quatre ordres de dévots, horizon[2], atmosphère, terre, eau, air et feu, splendeur du soleil et de la lune, précepteur des Yogins ; lui, qui dissipe les ténèbres de la nuit, et que l’on célèbre comme étant la suprême lumière, la suprême pénitence, l’être supérieur qui ne voit rien au-dessus de lui, l’âme sublime et universelle, Nârâyana, plus grand que les Vèdes, les cérémonies du culte, les saints devoirs, la voie du salut, la vérité, la pénitence, la délivrance finale[3], enfin, plus grand que ce qui est vraiment grand. C’est lui qui est le divin Aditya et ses frères, et la mort pour les Dêtyas, la mort pour le monde à la fin de chaque âge, la mort pour celui même qui a tué le monde ; lui, qui est le salut de ceux qui sont le salut du monde[4], l’offrande du sacrificateur, le docteur des hommes savants dans les Vèdes, le principe des principes actif, Soma[5] pour tout ce qui est sous l’influence de la lune, le feu des objets brûlants, l’intelligence des êtres intelligents, la pénitence des pénitents, la modestie des gens modestes[6], la vigueur des hommes vigoureux, la force des forts, la voie de ceux qui suivent la voie suprême, le créateur des créations diverses, la cause première du monde. C’est lui enfin qui est l’auteur de l’éther, l’air qui est l’âme de l’air, le feu qui est l’âme du feu, les dieux[7] qui sont le souffle de ce même feu, et le vainqueur de Madhou.

  1. Ces quatre holocaustes sont sans doute les quatre sacrifices que les lois de Manou, lect. ii, sl. 86, désignent sous le nom de pâcayadjnas. Plus bas, les quatre ordres de dévots sont les quatre âsramas, dont nous avons déjà parlé plusieurs fois.
  2. दिगन्तरः digantarah. C’est l’espace compris entre les divers points du ciel.
  3. मोक्ष​ mokcha. Voyez 19e lect. note 2.
  4. Le texte porte सेतुर्ये लोकसेतुनां. Le mot sétou désigne ces chaussées qui séparent les champs, et qui servent, pendant les inondations, pour le passage des voyageurs. Je n’ai pas trouvé d’expression française qui rendit ce mot, dont l’interprétation devient facile si l’on suppose que les hommes sont jetés dans ce monde comme dans une mer, et que les bons, par leurs exemples comme par leurs mérites, sont des espèces de sétous ou chaussées, qui servent de communication entre la terre et le ciel. Cette pensée me parait contenue dans le passage suivant de l’Oupnék’hat, t. i, p. 386 : Et ille âtma pons ad mokcham et liberationem (salutem) est.
  5. Soma est la lune, qui exerce une grande influence sur l’organisation humaine, comme nous le verrons un peu plus loin.
  6. Voy. Bhagavad-gîtâ, lect. v, vers la fin.
  7. Je crois que par ces dieux on entend les sept flammes ou langues (septem apices) que l’on donne au feu et que l’on a divinisées.