Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/200

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Le sang vient du fluide élémentaire (rasa)[1] ; du sang vient la chair ; de la chair, la matière séreuse ; de la matière séreuse, les os ; des os, la moelle ; de la moelle, le sperme ; du sperme, l’embryon ; et cette suite de productions a pour fondement le rasa. La première influence est donc l’influence[2] aqueuse, qu’on appelle lunaire (sômya) : la seconde est celle du feu, qui échauffe l’embryon. Ainsi le sperme est animé par la lune (soma) ; le sang menstruel, par le feu : or, ce feu et cette lune sont également animés par le rasa, comme le sperme lui-même. Celui-ci se convertit en flegme, le sang devient bile : le siège du flegme est le cœur ; celui de la bile est l’ombilic. Au milieu du corps est placé le cœur, qui est aussi le siège de l’âme ; entre l’ombilic et l’estomac est établi le dieu du feu ; l’âme est Pradjâpati, le flegme est Soma, la bile est Agni[3] ; et c’est ainsi que le monde est fondé sur l’union d’Agni et de Soma[4]. Le fœtus, une fois constitué, s’augmente comme le nuage : l’air s’y introduit et s’y confond avec le souffle suprême. Il forme, nourrit, agrandit les membres de ce corps où il est établi, et il poursuit ses accroissements, se divisant lui-même en cinq espèces d’air qu’on nomme prâna, apâna, samâna, oudâna et vyâna[5]. Le souffle appelé prâna augmente et fortifie le siège principal où réside l’air ; l’apâna, les organes inférieurs du corps ; l’oudâna, les organes supérieurs ; le vyâna, les parties intérieures où, avec le samâna, il exerce son action. Les cinq éléments, la terre, l’air, l’éther, l’eau et la lumière, s’unissent ensemble pour former les organes des sens, dont chacun s’accroît des molécules qui lui conviennent. De la terre vient le corps ; de l’air, le souffle vital ; de l’éther, les parties creuses[6] ; de l’eau, les humeurs ; de la

  1. Le rasa est la qualité particulière à l’eau formée de la lumière. Voyez lois de Manou, lect. i, sl. 78. Voyez aussi le Dictionnaire de M. Wilson, pour ce mot qu’il croit signifier le chyle. J’ai traduit ce passage aussi exactement qu’il m’a été possible. Il est curieux de voir comment les Indiens entendaient la physiologie. Je ne défends pas leurs idées, et je ne veux pas non plus les déguiser. Voyez dans l’Oupnék’hat, t. ii, p. 235, des détails sur la formation successive du foetus.
  2. Je rends राशि râsi par influence.
  3. Agni est le nom du dieu du feu, ignis.
  4. Le mot qui rend cette idée est अग्निशोम​ agnîchoma. Voyez la Grammaire de Wilkins, n° 1095.
  5. Voyez à ce sujet l’Oupnék’hat, t. i, p. 19 et 302. Le prâna est la respiration, le souffle qui sort des poumons. L’apâna a son siège dans les intestins ; le samâna, dans l’estomac ; L’oudâna, dans la tête ; et le vyâna, dans toutes les veines du corps.
  6. J’ai traduit littéralement le mot छिट्र​.