Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/64

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de Brahmâ est terminé ; ce complément est appelé la fin du Calpa. Ces soixante et onze périodes renfermant chacune, comme nous l’avons dit, les quatre âges Crita, Trétâ, Dwâpara et Cali, et de plus cette dernière addition, composent un Manwantara.

Il y a quatorze Manous, dont les Vèdes et tous les Pourânas célèbrent la gloire. Brillant d’un éclat radieux, ils sont les pères de tous les êtres ; et publier leurs mérites, c’est pour nous une source de prospérités. A la fin de chaque Manwantara survient une destruction générale (samhâra) ; après cette destruction arrive une nouvelle création. Je parierais cent ans, qu’il ne me serait pas possible de décrire ces règnes successifs des Manous, ramenant tour à tour la naissance et la fin des êtres. Ô fils de Bharata, le moment de la destruction arrive, quand les dieux du Manwantara et les Saptarchis, tous d’une pénitence, d’une dévotion, d’une science accomplie, s’arrêtent et cessent enfin d’agir : c’est-à-dire à l’époque où les mille âges de la fin du Calpa sont achevés.

Cependant tous les êtres brûlés par l’ardeur du soleil, précédés de Brahmâ et des Âdityas, sont entrés en Nârâyana, qui est Hari, vénérable maître de la dévotion, dieu qui n’est point né et qui s’unit à la matière (kchétradjna), qui à la fin de tous les Calpas devient le créateur de la nature entière, dieu éternel et spirituel (avyacta), de qui dépend tout ce monde.[1] Sur l’univers règne une nuit profonde : tout n’est qu’une mer[2], au sein de laquelle est Nârâyana. Cette nuit est celle de Brahmâ ; comme on l’a dit, elle dure mille âges (youga), pendant lesquels le dieu est livré au sommeil. Enfin l’aïeul des mondes se réveille : alors il songe à la création, et s’occupe aussitôt du grand œuvre. Ainsi le racontent les Pourânas : ce monde est produit, formé


    tre. Voilà aussi pour quelle raison on l’appelle la nuit de Brahmâ.

  1. Depuis cet endroit jusqu’à l'alinéa suivant, ce passage n’est que sur le manuscrit dévanâgari de la Bibliothèque royale.
  2. J'ai déjà dit que la poésie s’était emparée de l’idée de cette période des Manous pour représenter la révolution annuelle. L’automne des Indiens amène des inondations que l’exagération poétique dépeint comme une vaste mer : la nature alors est en quelque sorte assoupie, et elle se réveille ensuite au printemps, qui est comme l’époque d’une nouvelle création. C’est à peu près depuis juillet jusqu’à novembre que dure cette saison des pluies. Voyez, dans le troisième acte du Moudrâ-Râkchasa, le chant de la scène de Tchandragoupta et de Tchânakya. Quant au Mahâyouga, on ne peut douter qu’il ne représente l’année, puisqu’il est dit que le Satya commence au troisième jour de la lune de Visâkha (avril), et le Cali au quinzième de la lune de Mâgha (janvier).