Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/86

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dieux eux-mêmes ne pouvaient supporter. Fort de cette nouvelle arme, et doué lui-même d’une vigueur singulière, Sagara attaqua les Hêhayas, et les frappa rapidement, comme Roudra[1] dans sa colère frappe les troupeaux. Il s’acquit dans le monde la plus grande gloire. Il voulait anéantir entièrement les Sacas, les Yavanas, les Câmbhodjas, les Paradas et les Pahlavas, qu’il poursuivait avec acharnement. Ces peuples vinrent en suppliant demander la médiation du sage Vasichtha. Cet illustre solitaire, les voyant abattus, chercha à les rassurer, et leur ménagea un traité avec Sagara. Celui-ci consentit à les épargner, à la prière de son maître spirituel : mais il les dégrada, et les força de prendre des vêtements qui devaient les faire distinguer. Il voulut encore que les Sacas eussent la moitié de la tête tondue, les Yavanas et les Câmbhodjas toute la tête rasée, que les Paradas portassent les cheveux longs, que les Pahlavas laissassent croître leur barbe : il les priva aussi de toute lecture spirituelle et du droit de faire la prière avec la libation de beurre consacré[2]. Ainsi les Sacas, les Yavanas, les Câmbhodjas, les Paradas, les Pahlavas, les Colas[3], les Sarpas[4], les Mahichas, les Dârbas[5], les Tcholas[6], les Kéralas[7], les Khasas, les Touchâras[8], les Tchînas[9], les Madras[10], les Kichkindhas[11],


    lités qu’on prête à Ôrva, fils du Mouni Ourva. Au reste, nous retrouverons encore cette arme de feu, qui parait être particulière à la famille de Bhrigou, aux Bhârgavas. Il me semble aussi qu’Orva est un nom du Richi Angiras, qui fut, dans une de ses renaissances, fils d’Ourva, et par sa mère petit-fils du dieu du feu, Agni.

  1. Roudra, autrement Siva, est surnommé pasoupati, maître des troupeaux, des animaux en général.
  2. C’est la cérémonie qu’on appelle vachat.
  3. Les Colas habitaient sur la côte qui s’étend de Cuttack à Madras. Dans le Mémoire de M. Sterling sur le Cuttack (Rech. asiat. t. xiv, p. 203) il est parlé d’une tribu sauvage, nommée les Coles.
  4. Il est possible que ce mot sarpa soit synonyme de Nâga. Le pays de Nâga est situé près de l’Indus. Les manuscrits dévanâgaris portent Mâhicha ou Mâhichaca. Le Brahmânda-pourâna place les Mâhichacas vers l’est.
  5. Les géographies indiennes mettent les Dârbas près des Khasas.
  6. Les Tcholas se trouvaient dans la partie de l’Inde appelée aujourd’hui Tanjore.
  7. Le pays des Kéralas est le Malabar.
  8. Touchâra signifie neige ; les Touchâras (les Tochari de Pline) habitaient les montagnes qui sont vers le nord-ouest de l’Inde. Wilford les met dans le Turan. Un manuscrit porte Toukhâra, qui rappelle le mot Tokharestan.
  9. Il ne faut pas confondre ce mot avec le nom des Chinois, qui n’exista que postérieurement : les Tchînas étaient un peuple à l’ouest de l’Inde, quoique quelques personnes les placent vers la partie orientale, près du pays d’Asam. Les lois de Manou en parlent, lect. x, sl. 44. Les Mahâtchînas, ou grands Tchînas, étaient près de la source de la Sarayou ou Sarjou.
  10. Le pays des Madras s’étendait au nord-ouest de l’Indostan propre. Fr. Hamilton croit que c’est le Bhoutan.
  11. La contrée des Kichkindhas répondait à la partie septentrionale du Mysore. Dans le Râmâyana, c’est le royaume de Bâlin.