Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/87

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les Côntalas[1], les Bangas[2], les Sâlwas[3] et les Concanas[4] furent, d’après la décision de Vasichtha, privés par le grand Sagara de leurs privilèges de Kchatriyas.

Après avoir établi ainsi le règne des lois, vainqueur de la terre, il donna la liberté à un cheval destiné à être immolé[5]. Ce cheval, dans sa course vagabonde, arriva sur les bords de la mer méridionale : à quelque distance des flots, il disparut sous terre. Le roi fit creuser ce terrain par ses fils. Après avoir creusé à une grande profondeur, ils y trouvèrent le premier des dieux, le grand Esprit, celui qu’on appelle Hari, Crichna, Vichnou, le père de tous les êtres, endormi sous la forme de Capila[6]. Ce dieu s’éveilla, frappé par la lumière, et les feux de ses regards brûlèrent tous les fils de Sagara, à l’exception de quatre, savoir, Varhakétou, Soukétou, Dharmaratha, et le héros Pantchadjana, qui perpétua la race de Sagara. Le dieu Hari, le grand Nârâyana, pour consoler celui-ci, lui promit que la postérité d’Ikchwâcou n’aurait point de fin, que sa gloire, à lui, ne serait jamais éclipsée, que Samoudra (l’Océan) serait son fils, et qu’enfin des demeures éternelles lui seraient don-

  1. Les Côntalas aux longs cheveux étaient près des Tchînas.
  2. De ce mot vient celui de Bengale. Les Bangas habitaient dans le voisinage de Dacca.
  3. La contrée des Sâlwas est placée au centre de l'Inde ; cependant M. Wilson dit, au mot Câracoukchîya, qu'il faut la chercher au nord de l'Indostan.
  4. Les Concanas habitaient le pays qu'on nomme encore aujourd’hui le Concan.
  5. Le cheval désigné pour l'aswamédha était mis en liberté après quelques cérémonies particulières. Il portait sur son front une inscription qui annonçait sa destination et menaçait de la colère du roi quiconque 1'arrêterait. Il errait en liberté pendant douze mois, suivi de loin par des soldats. Au bout de l'an, il était ramené, et lié à un poteau. Son corps, coupé en morceaux, était ensuite brûlé. La fumée et la cendre de la victime servaient à purifier le prince et sa royale épouse.
  6. Nous devons croire que ce récit est une fiction par laquelle le poëte a voulu représenter les travaux opérés pour donner un écoulement aux eaux du Gange, dont les terres d’alluvion arrêtaient le cours, en formant des marais noirs et fangeux ; car le mot capila veut dire noir. Capila est regardé comme le fils de Cardameswara, qui signifie maître du limon. On place son ermitage en différents lieux, comme au pas de Haridwâra, et vers l'embouchure du Gange, à l'endroit appelé Gangâ-sâgara (ou mer du Gange), et situé au sud de Calcutta, non loin de Fulta qui, à cette époque, était près de la mer. En général on met Capila à l'embouchure de toutes les rivières. Ce personnage est considéré comme un avatare de Vichnou résidant à Gangâ-sâgara, où dans sa colère il anéantit les fils de Sagara : ce qui veut dire que les ouvriers périrent des suites d’une épidémie causée par la chaleur qui avait échauffé ce limon fétide. Il est possible aussi qu’on appelle enfants de Sagara ces canaux mêmes qui furent creusés par ordre du prince, et desséchés ensuite par la chaleur. Le nombre de soixante mille est exagéré.