Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nées dans le ciel, à lui et à ses enfants qui venaient de périr. Samoudra, prenant dans ses mains les présents qu’il destinait au maître de la terre[1], le salua avec respect, et se soumit à devenir Sâgara (c’est-à-dire, fils de Sagara)[2]. Il lui rendit le cheval destiné au sacrifice, et le monarque glorieux célébra cent Aswamédhas. La tradition rapporte qu’il avait eu soixante mille fils.


QUINZIÈME LECTURE.


FIN DE L’HISTOIRE DE LA FAMILLE SOLAIRE.




Djanamédjaya dit :

Comment ces héros, fils de Sagara, sont-ils nés ? Sage Brahmane, comment ont-ils été vaincus, quoiqu’ils fussent au nombre de soixante mille ?

Vêsampâyana répondit :

Sagara avait deux femmes renommées par leur piété et leur vertu. La plus âgée, fille de Vidarbha, se nommait Késinî. La plus jeune, fille d’Arichtanémi, renommée pour sa conduite sage et ses sentiments élevés, n’avait point de rivale sur la terre pour la beauté. Ôrva, voulant par un don merveilleux les récompenser, leur dit un jour : « L’une de vous peut avoir soixante mille fils, l’autre n’en aura qu’un. C’est à votre choix, voyez. » Aussitôt l’une demanda cette nombreuse lignée de héros, l’autre ne désira qu’un fils. « Vos vœux seront accomplis, » dit le Mouni. Késinî donna pour fils à Sagara le prince Asamandjas, qui fut connu dans la suite par sa vaillance sous le nom du roi Pantchadjana. Sa compagne accoucha d’une courge[3] remplie de pe-

  1. Le nom particulier de cette offrande est argha. Elle se compose de fleurs, de riz, de tila (sesamum orientale), de bois de sandal, et d’eau présentée dans un vase en forme de bateau. Quelquefois on n’offre que de l’eau, comme ce paysan persan qui ne fit que cette offrande à son roi Artaxerce Mnémon.
  2. Un des noms de la mer, en sanscrit, est sâgara : on explique l’étymologie de ce mot en disant que l’Océan devint fils de Sagara. La syllabe longue indique filiation.
  3. Je ne chercherai point à expliquer cette fable fondée sans doute sur quelque équivoque de mots.