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PHILOSOPHIE

et s’élançant par la pensée dans un monde tout intellectuel, bien autrement mystérieux.

Fatigué des vices de l’homme en société, pénétré de l’importance d’une morale religieuse, et effrayé du sort qui menace le pécheur impénitent ; l’un s’écrie : « Fuyez, cherchez la solitude, venez dans les forêts : comme la tache qui s’étend sur l’étoffe, l’œuvre de l’homme qui habite les villes, souille et corrompt son âme. Abdiquez les fonctions de la vie civile, livrez-vous à la contemplation du grand Être[1], et d’avance confondus en esprit avec son essence divine, attendez paisiblement l’heure où, dégagés des liens terrestres, vous serez identifiés avec lui. » — « La retraite ne suffit pas, dit un autre, punissez, comme des esclaves révoltés, ces sens qui doivent obéir à l’âme[2]. Tourmentez votre corps, et sacrifiez ces organes matériels qui enchaînent l’esprit. » — « Imprudens ! s’écrie un troisième, le désert est pour celui qui a payé sa dette à Dieu, à l’humanité. Faites-vous une solitude au-dedans de vous-mêmes[3], domptez vos passions, mais sans cesser de remplir les devoirs qui vous sont imposés par une loi divine. Voyez dans ce ruisseau cette fleur du lotus : est-elle souillée par le contact de l’eau

  1. Bh., l. III.
  2. Ib., l. VI.
  3. Ib., l. VI.