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Page:Langlois - Rig Véda.djvu/131

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[Lect. I.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

est comme l’épouse amoureuse qui étale en riant aux regards de son époux les trésors de sa beauté.

8. Sœur (prévoyante), elle a préparé à sa sœur aînée[1] un (nouveau) berceau, et en partant elle semble l’appeler de son regard. À son lever, les rayons du soleil ornent son cortége, tels que les compagnes (d’une jeune mariée).

9. À la suite de ces sœurs (qui sont nées) dans les anciens jours, une autre arrive, suivant son aînée. Que ces Aurores nouvelles, comme leurs devancières, se lèvent heureusement pour nous !

10. Opulente Aurore, éveille ceux qui t’honorent ; que les avares, qui marchandent ton culte, restent dans leur sommeil. Riche et pieuse Aurore, lève-toi favorablement pour ceux qui l’adressent leurs offrandes et leurs chants, toi qui vieillis (les choses humaines).

11. La jeune (Aurore) vient à l’orient, et attelle (à son char) la troupe des vaches rosées. À son lever apparaît aussitôt le (divin) étendard[2], et Agni brille dans les demeures (des hommes).

12. À l’apparition de (la déesse) qui apporte leur nourriture, les oiseaux et les hommes sortent de leurs demeures. Aurore divine, aux mortels assemblés pour ton culte tu dispenses de nombreuses richesses.

13. Vénérables Aurores, mon hymne vous a célébrées. Vous avez désiré mon offrande, et en avez profité. Ô déesse, que par votre secours nous obtenions des biens innombrables !


HYMNE IV.

Action de grâces[3], par Cakchîvân.

(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. (Récit.) Dès le matin (Swanaya) vient, et dès le matin il prodigue les trésors. (Cakchîvân) accepte et conserve ses dons avec reconnaissance. Enrichi par ces présents et entouré d’une maison nombreuse, il verra, pendant de longues années, croître sa fortune et sa race.

2. (Le père de Cakchîvan parle.) Qu’il ait de belles vaches, de bons chevaux, beaucoup d’or. Indra, assure une heureuse existence à celui qui vient à toi dès le matin, et semble te faire une chaîne de ses bienfaits[4].

3. Aujourd’hui, agité dès le matin par le désir, j’ai revu l’enfant de mon amour[5], comblé d’honneur et porté sur un char magnifique. Prodigue le jus de la plante (sacrée), et par tes chants augmente la gloire de celui qui abat les forces de l’envieux !

4. (Le poëte parle.) Les libations, vaches fécondes, apportent leur lait à celui qui prépare et à celui qui doit accomplir le sacrifice. Par les soins de ces deux hommes[6], coulent de toutes parts des flots de beurre mêlés aux mets (sacrés).

5. L’homme bienfaisant se prépare une place dans le ciel, et se range parmi les dieux. Pour un tel homme, les ondes célestes font descendre leur beurre (nourrissant) ; pour lui, une offrande est toujours féconde.

6. Les hommes généreux ont une destinée miraculeuse ; leurs soleils brillent au ciel ; ils ont part à l’ambroisie, et prolongent leur existence.

7. Puissent ces hommes généreux être exempts de fautes malheureuses ! Puissent les maîtres vertueux n’éprouver aucun désastre ! Autour d’eux qu’ils trouvent un protecteur ! Que les chagrins n’habitent point avec celui qui est libéral !


HYMNE V.

Action de grâces (Suite), par Cakchîvan.

(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. La reconnaissance m’inspire de vives expressions en l’honneur de Bhâvya[7], habitant le Sindhou[8] ; de ce prince invincible et ami de la gloire,

  1. C’est la nuit, qui précède le jour, suivant les idées cosmogoniques de l’Inde.
  2. C’est-à-dire, la flamme du sacrifice.
  3. C’est avec quelque répugnance que j’ai suivi le sens donné à cette pièce par le commentateur, qui la regarde comme une action de grâces en l’honneur d’un prince ; je n’y voyais qu’un hymne en l’honneur d’Indra. Mais la liaison qui semble exister entre cette pièce et la suivante, m’a fait rejeter mon idée. Le commentateur dit que Cakchîvân, après ses études, se met en voyage pour retourner chez son père, et s’endort sur la route ; Swanaya, fils de Bhâvayavya, le rencontrant, le fait monter sur son char, lui donne sa fille en mariage, et le ramène chez son père, comblé d’honneurs et de présents. Le commentateur trouve, dans les vers des deux hymnes, qui se suivent, les divers détails que je viens de rapporter, et se voit obligé de mettre successivement la parole dans la bouche de divers personnages.
  4. Le commentateur trouve dans ce vers une allusion au nom de Cakchîvan, qui reçut de Swanaya une ceinture militaire.
  5. Ces mots pourraient aussi s’entendre du soma ; la plante dont on l’extrait est cherchée avec sollicitude, et ce breuvage peut bien être appelé par le poëte l’enfant du désir ou du sacrifice, ichteh poutra.
  6. J’ai compris que les mots prinan et papouri correspondaient avec les mots îdjâna et yakchyamâna.
  7. Même nom que Bhâvayavya.
  8. Sindhou est sans doute le nom général des provinces qui bordent le fleuve appelé Sindhou, ou la mer appelée aussi du même nom.