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[Lect. VIII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME

20. Ô Ciel, ô Terre, dirigez, au gré des dieux, ce sacrifice que nous offrons aujourd’hui, (sacrifice) qui doit être une source de biens, et monter dans les airs.

21. Qu’en votre présence les dieux fortunés et dignes de nos hommages se placent ici aujourd’hui pour boire le soma.


HYMNE VI.

À Indra, surnommé Capindjala, par Gritsamada.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Le Capindjala)[1] par son cri annonce l’avenir. Il lance sa voix comme le pilote lance son navire. Oiseau, sois pour nous d’un bon augure. Qu’il ne t’arrive aucun accident.

2. Échappe à l’épervier et aux oiseaux (de proie). Que l’archer, armé de sa flèche, ne t’aperçoive pas. Fais-nous entendre, du côté du midi[2], ta voix de bon augure.

3. Oiseau de bon augure, pousse ton heureux cri à la droite de nos foyers[3]. Garde-nous de la domination d’un voleur ou d’un méchant. Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice !


HYMNE VII.

À Indra, surnommé Capindjala, par Gritsamada.

(Mètres : Djagatî, Atisakvarî, Achtî.)

1. Pareils aux chantres de nos sacrifices, les Capindjalas viennent, par des accents de bon augure, nous annoncer un temps favorable. L’oiseau se plaît à répéter deux cris[4], de même que ceux qui chantent nos hymnes emploient la Gâyatrî et le Trichtoubh.

2. Oiseau, comme notre chantre, tu as aussi ton hymne ; et ainsi que l’enfant du prêtre[5], au moment de la libation, tu fais retentir ta voix. Avec l’empressement de l’étalon qui s’approche de ses amantes, oiseau, parle-nous favorablement ; oiseau, parle-nous pour notre bonheur !

3. Oiseau, si tu nous parles, ne nous parle que favorablement. Reste silencieux pour écouter notre prière. En t’éloignant, résonne comme un carcari[6]. Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice[7] !


HYMNE VIII.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Agni, tu as voulu que dans le sacrifice je t’apportasse (les offrandes). Reçois donc ce soma que je te présente avec ardeur. J’allume tes feux en l’honneur des dieux, j’emplis la coupe (sacrée) ; je te chante. Ô Agni, orne ton corps (de tous ses rayons).

2. Nous avons mis en marche le sacrifice : que l’hymne se poursuive. Que l’on entoure Agni de (saints) aliments et d’invocations. Les chants du poëte ont quelquefois attiré (les dieux) du haut du ciel. On a tenté par des chants les désirs du puissant (Agni).

3. Ce (dieu) sage, pur et fort, est, par sa naissance, notre parent. Il contient le bonheur du ciel et de la terre. Les Dévas, par l’œuvre (des libations), ses sœurs[8], ont obtenu Agni brillant au milieu des ondes.

4. Les sept sources[9] (célestes) augmentent la grandeur de cet heureux enfant à la flamme

  1. Le nom de Capindjala se donne à un oiseau qui est le francolin. Il paraît qu’on l’emploie aussi pour le Tchâtaca (cuculus melano-leucus). Ce petit oiseau est supposé ne boire que l’eau du nuage, qu’il appelle par son cri. Le poëte compare au tchâtaca qui annonce la pluie, Indra qui, comme l’oiseau, vit dans l’air, et par le bruit de son tonnerre annonce la pluie.
  2. C’est de ce côté que doit venir pour l’Indien le nuage.
  3. Il faut supposer que ce foyer, comme dans le sacrifice, est tourné du côté du levant, de sorte que la droite est nécessairement le midi.
  4. J’ignore si le tchâtaca a deux cris. Le lecteur reconnaîtra-t-il deux tons dans le bruit du tonnerre ?
  5. Brâhmana : c’est la seconde fois que ce mot est employé. Voy. page 150, col. 1, note 2. Le commentaire traduit ce mot par brahmapoutra.
  6. Le dictionnaire dit que carcarî est a water jar with a spout. Le commentaire explique carcarî par vâdyavisécha. Il semblerait donc que le carcarî serait un instrument, comme un tambour.
  7. Ici finit le second mandala, terminé, comme le premier, par une petite pièce de vers qui me semble de la composition du copiste. (Voy. page 163, col. 1, note 4 ; et p. 41, col. 1, note 1.) Le troisième mandala porte le nom de Viswamitra.
  8. Ce n’est plus le même poëte qui a composé cet hymne ; et ces libations, que quelques-uns appelaient les mères d’Agni, celui-ci peut les appeler ses sœurs. Agni et les libations n’ont-ils pas pour pères les dévas ?
  9. Sans doute ce ne sont pas les sept rivières mentionnées à la page 61, col. 1, note 3. Ce sont les sept mères ou espèces de libations. Voy. page 146, col. 2, note 6.