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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

10. Que le Soleil apparaisse sur cet océan lumineux ; qu’il attelle ses cavales à la croupe flexible. Les sages l’ont conduit, comme on conduit un navire sur l’eau. Les Ondes dociles l’ont entouré avec respect.

11. En votre faveur, j’ai, au milieu des libations, fait une prière qui donne le bonheur, et qui avait assuré le succès des Navagwas, éprouvés par dix mois (de pénitences). Puissions-nous, avec cette prière, avoir les dieux pour gardiens ! Puissions-nous avec cette prière, traverser les maux (de la vie) !


HYMNE XIV.
Aux Viswadévas, par Pratikchatra.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Le sage est tel qu’un cheval attelé à un char : il porte volontairement la charge (du sacrifice) secourable et conservateur. C’est ce que je fais. Je ne demande pas à être délivré de ce fardeau ; je ne veux point le repousser. Le sage est fait pour diriger les autres dans la voie droite où il marche le premier.

2. Agni, Indra, Varouna, Mitra, Vichnou, vous, Marouts et (autres) dieux, apportez-nous votre force. Que les dieux Aswins, Roudra, Poûchan, Bhaga, Saraswatî, et les épouses divines viennent orner (notre sacrifice).

3. J’appelle à notre secours Indra et Agni, Mitra et Varouna, Aditi, la Lumière, la Terre, le Ciel, les Marouts, les Nuages, les Eaux, Vichnou, Poûchan, Brahmanaspati, Bhaga, l’illustre Savitri.

4. Que Vichnou, que le Vent, que le (dieu) clément (surnommé) Dravinodas, que Soma nous soit favorable. Que les Ribhoûs, que Twachtri et Vibhwan nous accordent la richesse.

5. Que la troupe des Marouts, qui habite le ciel et que nous appelons avec honneur sur le siége de cousa, vienne à nous. Que Vrihaspati, Poûchan, Varouna, Mitra, Aryaman nous couvrent de leur noble protection.

6. Que les Nuages célébrés par nos chants, que les Rivières bienfaisantes fassent notre salut. Que Bhaga, distributeur (des richesses), vienne à nous avec le secours de sa puissance. Qu’Aditi, largement étendue, entende mon invocation.

7. Que les épouses des dieux, avides (de nos sacrifices), nous conservent ; qu’elles nous conservent et nous donnent l’abondance et une forte famille. Déesses occupées près du foyer de terre[1], ou employées au service des Ondes, soyez-nous favorables, et accordez-nous votre protection.

8. Qu’elles viennent donc, ces épouses divines, Indrânî, Agnâyî, la brillante Aswinî[2] ; que Rodasî[3], que Varounânî m’entendent. Que ces déesses viennent au moment où nous honorons les femmes des dieux.





LECTURE TROISIÈME.

HYMNE I.

Aux Viswadévas, par Pratiratha.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Grande (et noble) mère, (l’Aurore) attelle son char, et vient au ciel, annonçant (le moment de l’œuvre sainte), éveillant la (Prière)[4] sa fille. La Prière, jeune et respectueuse, commence ses invocations avec les Dévas dans le lieu (du sacrifice).

2. Les Rayons rapides, issus du Sacrifice, viennent se placer au foyer du (dieu) immortel ; larges, infinis, ils embrassent de tout côté le ciel et la terre.

3. Source de vie et de lumière (le dieu), sur une aile rapide, s’est élancé, du côté de l’Orient, au giron du père[5]. Radieux, étendu, il s’avance au milieu du ciel, et répand ses clartés sur les deux extrémités du monde.

4. Quatre soutiens[6] le supportent avec bon-

  1. J’ai rétréci le sens du mot pârthiva. Ce ne sont pas les déesses qui sont sur la terre, ce sont les déesses, c’est-à-dire les Prières récitées autour du foyer, qui lui-même est représenté comme une déesse sous le nom d’Ilâ.
  2. Ce n’est pas le nom d’une des constellations. Aswinî est ici l’épouse des Aswins.
  3. Le commentaire regarde Rodasî comme l’épouse de Roudra.
  4. Le commentaire croit qu’il est question de la terre.
  5. Ce père est sans doute le ciel, où les rayons d’Agni se concentrent dans le soleil. On peut entendre aussi ce mot du sacrificateur, du père, qui allume le feu du sacrifice au foyer oriental.
  6. Tout ce passage rappelle le commencement de l’hymne X, lecture vi, section II. Voy. page 176. Le commentaire dit que ce sont quatre prêtres qui soutiennent le soleil par leurs chants. Je ferai remarquer que les vers ont ordinairement quatre padas. On peut aussi supposer que le poëte fait allusion aux quatre points cardinaux, aux quatre parties du ciel vers lesquelles sont tournés les quatre côtés de l’autel. Voyez page 176, col. 1, note 2.