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[Lect. III.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.
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voyage ? Sur le dos de vos montures repose le frein qui serrait leurs naseaux.

3. Sur leur croupe pend le fouet. Comme la femme emmaillotte son enfant, ces héros ont aussi enveloppé leurs chars.

4. Vaillants héros, maîtres puissants, nés pour la gloire, vous veniez vers (nous), comme échauffés par les feux d’Agni.

5. (Sasîyasî) m’a donné des troupeaux de vaches, et de chevaux, avec cent chars. Pour l’époux recommandé par Syâvâswa, elle est devenue un bras fort et puissant.

6. Différente des autres femmes, Sasîyasî s’est montrée plus généreuse qu’un homme qui n’honore pas les dieux et qui est avare de ses richesses.

7. Parmi les Dévas elle distingue celui qui peut être fatigué, pressé par la soif ou le besoin, et c’est sur lui qu’elle porte sa pensée.

8. Cependant je le dis en panégyriste (véridique) : son époux mérite également cette louange. Il l’égale en libéralité.

9. Éprise de ses qualités, la jeune Sasîyasî m’a chargé, moi Syâvâswa[1], d’une mission (de confiance), et deux rouges coursiers m’ont conduit vers le sage et glorieux Pouroumîlha.

10. Ce fils de Vidadaswa m’a donné cent vaches ; non moins généreux, Taranta (m’en a donné) autant.

11. En ces lieux sont préparées des offrandes pour les (Marouts), qui aiment à venir, sur leurs rapides (coursiers), goûter au soma enivrant.

12. Le ciel et la terre sont ornés de leurs riches présents ; sur leurs chars, ils brillent comme (l’astre) d’or au plus haut des airs.

13. Cette jeune famille des Marouts est invincible ; elle s’avance avec pompe, portée sur des chars éclatants.

14. Qui sait où prennent en ce moment leurs ébats ces dieux, issus du sacrifice[2], qui remuent le monde pour le bien (des hommes) ?

15. Ô vous, avides de nos louanges, écoutez ma voix dans les sacrifices, et guidez un mortel vers le but qu’il désire.

16. (Dieux) adorables et vainqueurs, apportez-nous les biens qui nous séduisent et nous charment.

17. Ô Nuit, porte mon hymne jusqu’au fils de Darbha[3]. Ô déesse, sois comme le char de ma prière.

18. Parle de moi à Rathavîti au moment où il versera la libation. (Dis-lui) que mon amour (pour sa fille) n’est pas éteint.

19. Le riche Rathavîti demeure au pied des montagnes, près de ces (rivières) célèbres par des troupeaux de vaches[4].


HYMNE XVI.
À Mitra et Varouna, par Sroutavit, fils d’Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Rita vient d’accomplir encore, en votre honneur, ce sacrifice perpétuel, dans lequel (les prêtres) lancent les chevaux de Soûrya. Mille rayons sont réunis autour (de son char). J’ai vu la plus belle de toutes les formes divines.

2. (Dieux) infatigables, Mitra et Varouna, votre grandeur est admirable. Les vapeurs (de la Nuit) ont été bues par le Jour. Toutes les vaches (du céleste) pâturage vous doivent leur accroissement. Sur votre roue seule tourne (le monde entier).

3. Ô Mitra et Varouna, ô rois généreux, vous avez consolidé le ciel et la terre par votre force brillante. Vous faites croître les plantes, vous engraissez les vaches (célestes), vous envoyez la pluie.

4. Que vos coursiers dociles et bien dirigés vous amènent ici. Voyez devant vous la libation du ghrita : sur le brillant (Agni) coulent les Ondes (du sacrifice).

5. De même que dans l’œuvre sainte on étend le cousa, vous développez les formes larges et admirables (du monde) ; vous les conservez, (dieux) honorés par nos offrandes et fortifiés par notre ghrita. Ô Mitra et Varouna, vous siégez, entre (le ciel et la terre), au sein même des foyers (sacrés).

6. Ô (Mitra) et Varouna, vos mains sont libérales, et votre puissance est souveraine, entre le ciel et la terre, sur ces foyers où vous siégez. (L’homme) pieux que vous protégez en rois cléments reçoit de vous une force telle qu’on la dirait soutenue sur mille colonnes.

  1. Le texte porte Syâva, au lieu de Syâvâswa.
  2. Le commentaire donne un autre sens au mot Ritadja : il le traduit nés pour donner l’eau.
  3. Père du roi Rathavîti.
  4. Traduction du mot Gomatih. Il y a une rivière du pays d’Oude, qui s’appelle la Gomati, aujourd’hui le Goumti, De ce côté se prolonge la chaîne de l’Himâlaya.