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Page:Langlois - Rig Véda.djvu/40

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« En effet voici le roi lui-même, voici Indra. Le ciel n’est plus rougeâtre ; les Açvins ont été plus loin vers l’Occident ; l’Aurore disparaît comme eux ; c’est le cortège royal qui va venir.

« Indra est monté sur un char d’or, traîné par des coursiers jaunes ; il est lui-même tout resplendissant d’or ; il porte la tiare étincelante ; il tient dans une main, l’arc d’or ; dans l’autre, la foudre, qui est sa flèche ; sur son char est le disque d’or, aux bords tranchants. Il a pour cocher l’habile et prudent Mâtali.

L’escorte d’Indra est composée des Marouts, qui sont au nombre de soixante-trois ; Mâtariçwan (le chien de Mâtali ?) est leur chef ; il complète le nombre soixante-quatre, qui est celui des divisions de la rose des vents. Les Marouts sont traînés par des antilopes, les plus rapides des animaux. Fils de Prisni, qui est la terre montueuse, ou de Sindhou, qui est l’Indus, ils vont avec bruit autour de leur seigneur, prêts à le soutenir dans la lutte. Du reste, eux-mêmes sont tous des princes et méritent le nom d’Aryas et de Kchattryas, comme Indra, qui est leur suzerain et leur chef de guerre.

Tout ce cortège bruyant, mouvant et lumineux, dont les armes se choquent et dont les fouets claquent au milieu des airs, s’avance vers le foyer d’Agni, s’y arrête un instant, y reçoit de la main du prêtre et par l’entremise du feu sacré, le soma, liqueur ardente des guerriers, et les aliments solides de l’offrande. Indra et la brillante armée des rapides Marouts sont prêts désormais à engager le combat.

Déjà en effet, en présence d’Indra qui s’avance, Ahi, le serpent, fait glisser son corps vaporeux dans les airs, et rassemble des montagnes de nuages. Sushna, l’aride, tient les eaux suspendues dans l’atmosphère, les refuse à la terre, dessèche les plaines et les collines, tarit les fleuves, fait périr de faim et de maladie les troupeaux et les hommes. Le sacrifice languit, l’œuvre de la production et de la vie semble près de s’arrêter, les Asouras ne recevront plus les aliments dont ils ont besoin pour accomplir sans fatigue leur fonction divine. Tous les êtres sont intéressés dans la lutte. Vritra, celui qui couvre de nuages l’atmosphère, s’est emparé des régions dont Indra est le maître ; il y commande, il a voilé la face du resplendissant, et a dérobé à la terre la vue de sa majesté. Mais voici Indra qui s’avance armé de la foudre.

À INDRA

Je veux chanter les antiques exploits par lesquels s’est distingué le foudroyant Indra. Il a frappé Ahi ; il a répandu les ondes sur la terre ; il a déchaîné les torrents des montagnes.

Ahi se cachait dans la montagne ; il l’a frappé de cette arme retentissante, fabriquée pour lui par Twastri ; et les eaux, telles que des vaches qui courent à leur étable, se sont Jetées au grand fleuve.

… Magavan a pris sa foudre qu’il va lancer comme une flèche ; il a frappé le premier-né des Ahis.

… Aussitôt les charmes de ces magiciens sont détruits ; aussitôt tu sembles donner naissance au soleil, au ciel, à l’aurore. L’ennemi a disparu devant toi !

Indra a frappé Vritra, le plus nébuleux de ses ennemis. De sa foudre puissante et meurtrière, il lui a brisé les membres, tandis qu’Ahi, comme un arbre frappé de la hache, gît étendu sur la terre.

… Il osait provoquer le dieu fort et victo-