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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SIXIÈME.

3. La grande et juste Aditi, leur mère, a enfanté ces illustres (dieux) qui renferment tous les biens, pour qu’ils fussent l’âme (du monde)[1].

4. Mitra et Varouna, ces deux grands rois, ces Asouras divins, amis de la justice, approuvent notre sacrifice.

5. Les enfants de la Force robuste, les fils puissants de la Dextérité[2], viennent rapidement. (Dieux) bienfaisants, visitez la demeure de l’Offrande.

6. Ô vous qui répandez sur nous les biens de la Terre et du Ciel, que les pluies (de la libation) viennent vers vous.

7. Rois amis de la justice, ils regardent les hommes du haut du Ciel, comme (le taureau regarde) son troupeau. Qu’ils reçoivent nos adorations.

8. Amis de la justice, ils sont assis sur le même trône royal. Forts, puissants, fermes dans leurs œuvres, ils exercent leur domination[3].

9. Leur bienfaisant regard éclaire toutes les voies. Leurs yeux sont toujours ouverts sur nous.

10. Ainsi que la divine Aditi, que les (dieux) Véridiques, que les Marouts armés de leur force robuste nous protégent !

11. Ô (Dieux) bienfaisants, conservez notre vaisseau nuit et jour. Puissions-nous, à l’abri de tout danger, être gardés par vous !

12. Délivrés du péril, nous célébrons Vichnou. Ô (Dieu) sauveur et bienfaisant, écoute-nous, et viens de toi-même à nos libations et à notre sacrifice du matin.

13. Nous demandons cette protection, heureuse et féconde en biens, que donnent Mitra, Varouna, Aryaman.

14. Qu’ainsi le (dieu) qui lance les eaux[4], les Marouts, les deux Aswins, Indra, Vichnou viennent se réjouir à notre sacrifice, et nous comblent de leurs présents !

15. Ces dieux adorables et protecteurs renversent leur ennemi, comme une vague aiguë (brise la digue qu’on lui oppose).

16. L’incomparable (Mitra) jette au loin ses regards sur le monde. Pour vous nous célébrons les rites (sacrés) en son honneur.

17. En l’honneur de ces deux rois, Mitra et Varouna, poursuivons tout le cours de ces rites domestiques que puisse célébrer la renommée.

18. (Mitra) a mesuré de son rayon les bornes du ciel et de la terre. Il les a tous deux remplis de sa grandeur.

19. Le soleil, tel que le brillant Agni qui s’allume à la voix de nos prières, amène la lumière sous la voûte du ciel.

20. Dans cette large demeure invoque donc (Mitra) ; il est le maître de l’abondance qui vient de la vache ; il est le maître de tous les biens, qu’il peut donner.

21. Ainsi, le jour et la nuit, j’invoque le Soleil, le Ciel et la Terre. Fais, (ô Dieu), que nous ne rencontrions jamais que des bienfaiteurs.

22. Nous avons reçu de Souchâman, et d’Harayâna, fils d’Oukchanya[5], un char rapide et tout brillant d’argent.

23. Ces deux princes, soutiens des mortels, m’ont encore donné des coursiers rapides et bien dressés.

24. J’ai, dans un homme nouveau, célébré ces sages et robustes héros, dont les rênes sont brillantes et le fouet sonore.


HYMNE VI.
Aux Aswins, à Vayou, par Angiras Vyaswa ou Viswamanas, fils de Vyaswa.
(Mètres : Ouchnih, Anouchtoubh et Gâyatrî.)

1. Devant ces maîtres assemblés pour vous chanter, j’invoque votre char, ô (Dieux) forts et invincibles, généreux et magnifiques.

2. (Dieux) Véridiques, généreux et magnifiques, vous avez secouru le grand Souchâman, fils de Varou.

3. Nous vous invoquons aujourd’hui, et vous offrons nos holocaustes, ô (Dieux) trésor d’abondance, qui, (à la fin et au commencement) des nuits, venez chercher nos abondantes libations.

4. Ô vaillants Aswins, qu’il arrive à la prière d’un pieux sacrificateur, votre char fameux, admirable, chargé de trésors précieux.

5. Ô Aswins magnifiques et terribles, dans votre

  1. Asouryâya.
  2. Dakcha : c’est l’adresse, l’habileté dans le sacrifice, laquelle enfante ces dieux. Dakcha est le sacrifice lui-même. De même Sahas est la force avec laquelle le feu est extrait de l’Aranî, et cette force, qui engendre le feu, est regardée comme l’aïeule des dieux.
  3. Dans ce vers se trouvent le mot kchatriya, et le mot kchatra que j’ai rendu par domination.
  4. Pardjanya, ou le nuage.
  5. Il paraîtrait que cet Oukchanya était le frère ainé de Varou ; d’où il résulterait que Harayâna et Souchâman auraient été deux cousins germains.