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[Lect. VI.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

2. (Yama). Ton ami ne recherche point ton amitié. Si nous avons la même origine (que les autres dieux), notre forme est différente[1]. Les enfants du grand Asoura[2] sont des héros qui soutiennent le ciel ; ils étendent leur large puissance.

3. (Yamî). Tous ces immortels désirent quelque chose, ne serait-ce que l’offrande d’un mortel. Moi, ma pensée est unie à la tienne. Que mon époux naisse, et se revête d’un corps.

4. (Yama). Je suis juste, et ne veux point condamner comme injuste ce que nous avons déjà fait. (Je sais) que le (divin) Gandharwa (est notre père), qu’au sein des ondes (célestes) Apyâ[3] est son épouse et notre mère. Notre naissance est illustre.

5. (Yamî.) Notre aïeul le divin Twachtri[4], et Savitri qui donne toutes les formes, ont voulu qu’au sein même (de notre mère) nous fussions mari et femme. Personne ne peut détruire ces œuvres. La Terre et le Ciel nous connaissent ; (ils connaissent) notre père.

6. (Yama.) Qui a connu son premier jour ? Qui l’a vu alors ? qui peut ici en parler ? La demeure de Mitra et de Varouna est grande. Que me dis-tu, ô toi qui veux le mal des hommes ?

7. (Yamî.) Yamî désire Yama. Elle veut avec lui dormir dans un même sein. Comme une épouse pour son époux, je veux pour toi parer mon corps. Roulons ensemble ainsi que les deux roues d’un char.

8. (Yama.) Les œuvres brillantes des dieux ne peuvent un instant s’arrêter dans ce monde. Ô toi donc qui frappes (les hommes), cherche promptement un autre époux que moi. Roule avec lui ainsi que les deux roues d’un char.

9. (Yamî.) Que les offrandes soient présentées à Yama le matin et le soir. Que l’œil du Soleil se rouvre pour lui. Que le Ciel et la Terre soient encore un couple de bons parents. Qu’Yamî retrouve un époux dans Yama.

10. (Yama.) Nous sommes arrivés dans un âge où les épouses doivent supporter la perte de leurs maris. Ô femme, étends ton bras sous (la tête) d’un homme. Désire un autre époux que moi.

11. (Yamî.) Qu’est-ce qu’un frère qui n’est point votre protecteur ? Qu’est-ce qu’une sœur livrée à Nirriti ? Dans mon amour, je parle beaucoup. Rapproche ton corps du mien.

12. (Yama.) Je ne rapprocherai point mon corps du tien. On a déclaré pécheur celui qui épouse sa sœur. Cherche le plaisir avec un autre que moi. Ô femme, ton frère ne veut point de toi.

13. (Yamî.) Hélas ! Yama, tu es cruel. Je ne reconnais ni ton cœur, ni ton âme. Qu’une autre t’enlace avec sa ceinture, et t’embrasse comme la liane[5] (embrasse) l’arbre.

14. (Yama.) Yamî, embrasse un autre ; qu’un autre t’embrasse comme la liane (embrasse) l’arbre. Désire son amour. Qu’il désire ton amour. Que votre union soit heureuse.

  1. Je n’ai pas donné le même sens que le commentaire qui explique cette pensée, en disant que l’un est mâle, l’autre femelle.
  2. Je suppose que ce sont les rayons du soleil, que désigne ainsi Yama. Ce sont peut-être les Adityas.
  3. Apyâ est un nom de Saranyoû, qui circule au milieu des ondes célestes, ou qui naît au sein des libations. Plus bas Apyà est la Libation même.
  4. C’est-à-dire Agni céleste arrangeur de forme.
  5. Le nom de cet arbuste est liboudjâ.