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Page:Langlois - Rig Véda.djvu/525

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[Lect. VI.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.


HYMNE VI.
À Agni. — Richi : Agni Havirdana.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. En faveur de son serviteur, le grand, l’invincible, le généreux (Agni) verse le lait du brillant sacrifice[1]. Ainsi que Varouna, il connaît tout. (Dieu) adorable, qu’il honore les Ritous dignes de nos sacrifices.

2. Que la Libation, épouse du Gandharwa (lumineux)[2], permette à la Prière d’élever sa voix, et conserve ma pensée. Qu’(Agni, surnommé) Aditi, nous affermisse au milieu de nos offrandes. Que notre frère aîné fasse avant tout entendre ses accents.

3. Heureuse et féconde, opulente et glorieuse, l’Aurore a été donnée à Manou, alors que pour l’œuvre du sacrifice a été enfanté Agni, pontife désiré, et ami (des hommes).

4. L’épervier (sacré)[3], dans son vol rapide, a apporté dans le sacrifice ce (dieu) sage, brillant et fort. La Prière naît, et en même temps les Aryas reçoivent les clartés d’Agni sacrificateur.

5. Ô Agni, nous t’entourons de nos hommages, et tu te plais au milieu des holocaustes de Manou, comme les fleurs sur la prairie. Tu aimes à venir avec tous les (dieux) recueillir la louange dont t’enivre le sage.

6. Amène les deux parents (du monde). L’amant (de l’Aurore) veut s’unir à son amante ; il s’avance vers elle, le cœur plein de joie. Le (prêtre) chargé (de l’holocauste) fait entendre la voix des prières, et accomplit l’œuvre sainte. Les offrandes s’accumulent, et le sacrificateur tremble que son invocation ne soit repoussée.

7. Ô Agni, enfant de la Force, le mortel qui possède ta bienveillance acquiert une grande renommée. Il est fort et brillant. Il jouit d’une (heureuse) abondance. De (superbes) chevaux traînent son char, et ses jours sont fortunés.

8. Ô robuste et adorable Agni, cette réunion est magnifique, et digne des dieux qu’elle honore. Tu es le dispensateur de la richesse. Fais que notre portion soit abondante.

9. Écoute-nous, ô Agni ! dans cette demeure où tu siéges, attelle ton char rempli de présents immortels. Amène-nous le Ciel et la Terre, qui ont des dieux pour enfants. Qu’aucun ne soit exclu de ces lieux.


HYMNE VII.
À Agni. — Richi : Agni Havirdana.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le Ciel et la Terre, justes et bons, sont les premiers à entendre la voix du sacrifice, quand le dieu pontife se charge du culte des mortels, quand il s’assied (au foyer), ou qu’il s’élance en soufflant avec rapidité.

2. Dieu sage, qui occupes le premier rang, sois maître du sacrifice, et porte aux dieux notre holocauste. La fumée est ton étendard ; tu dresses ta lumière au-dessus du bûcher ; pontife fortuné, perpétuel, ta voix dirige les œuvres sacrées.

3. Quand l’ambroisie du dieu s’épanche, les enfants de la Vache (sainte)[4] soutiennent au loin (le Ciel et la Terre). Tous les dieux accourent à ton sacrifice, lorsque la (flamme) blanche, qui porte (l’holocauste), suce le céleste ghrita.

4. Ô Ciel et Terre, humectés du ghrita (sacré), j’honore les Ondes pour votre accroissement. Écoutez-moi. Hélas ! quand même nos prêtres commettraient quelque erreur, ô vous, nos parents, répandez sur nous votre miel (divin) !

5. Mais pourquoi le royal (Agni) nous serait-il favorable ? Comment avons-nous accompli son œuvre ? Qui peut être juge ? notre hymne est un ami que nous envoyons aux dieux ; mais, comme un coursier imprudent, il peut se tromper de route.

6. L’offrande de l’ambroisie (sacrée) est difficile dans un moment où règne (la déesse) qui a la même origine (que les autres dieux), mais une forme différente[5]. Ô grand Agni, empresse-toi de sauver celui qui voudrait se concilier Yama.

7. Les Dévas établissent (Agni) dans la demeure de Vivaswân[6] : ils y jouissent des honneurs qui leur sont prodigués. Ils placent le Jour dans le soleil, la Nuit dans la lune ; et ces deux (astres),

  1. Le sacrifice porte en cet endroit le nom d’Aditi.
  2. C’est Agni ; la Libation porte le nom d’Apyâ.
  3. La Gâyatrî.
  4. Le commentateur, qui pense que l’ambroisie doit être la pluie, suppose que ces enfants sont les plantes nées de l’eau du nuage. Je crois qu’il est ici question de la libation ; que la vache sainte, c’est la flamme dont les enfants, c’est-à-dire les rayons, sont le soutien du Ciel et de la Terre.
  5. C’est la répétition de la pensée qui se trouve plus haut, hymne v, strophe 2. Il est question d’Yamî, épouse d’Yama. Au sacrifice du matin la nuit règne encore, et les erreurs sont faciles.
  6. C’est le Sacrifice personnifié.