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Page:Langlois - Rig Véda.djvu/577

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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

lant Vêswânara, le sage Agni, le grand dieu qui parcourt le ciel et la terre, régnant dans la région supérieure comme dans la région inférieure.

15. Il est, dit-on, deux voies, tant pour les Dévas et les Pères (du sacrifice) que pour les mortels[1]. Le monde entier entre dans ces deux voies, quand il marche vers le père et la mère (de tous les êtres) qui l’enveloppent.

16. Ces deux (grands parents) s’avancent ensemble, portant (Agni) qui naît de la bouche[2] (du prêtre), et jaillit de la prière. Le (dieu) pénètre dans tous les mondes, brillant, rapide, inébranlable.

17. Cependant les deux sacrificateurs, l’un supérieur, l’autre inférieur[3], demandent : « Qui peut nous distinguer ? » Parmi ces amis qui sont accourus à ce sacrifice, qui répondra à cette question ?

18. Que de Feux ! que de Soleils ! que d’Aurores ! que d’Ondes ! Ô Pères (du sacrifice), je ne fais pas cette question par vaine curiosité. Je veux seulement m’instruire.

19. Ô Mâtariswan[4], tant que les Aurores ne couvrent pas la face de la (Nuit) aux ailes rapides, le prêtre, (sacrificateur) inférieur au (divin) sacrificateur, doit, devant le foyer, présenter l’holocauste.


HYMNE IV.
À Indra, par Renou, fils de Viswamitra.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Chante Indra, ce grand héros qui s’étend dans les mondes lumineux et au delà des confins de la terre ; qui soutient les hommes et remplit tout ; qui s’élève majestueusement au-dessus de la noire enveloppe des ondes.

2. Qu’Indra, tel qu’un soleil (brillant), pousse devant lui les larges nuages, comme les roues d’un char. Je l’ai vu ; il se lève, pareil à l’homme qui jette son vêtement. Il tue par sa splendeur les noires Ténèbres.

3. (Ô chantre), célèbre Indra par des louanges nouvelles qui soient aussi nobles que lui, et dont la grandeur toujours croissante égale celle de la terre et du ciel.

4. En l’honneur d’Indra, je veux prodiguer les prières et les libations aussi abondantes que l’eau de la mer. Comme les roues sur l’essieu, il a consolidé le ciel et la terre.

5. Il puise dans nos libations une (sainte) colère ; puissant dans ses œuvres, il s’arme, il agite les nuages, il apporte la joie. (Tel qu’) un soma vigoureux, il donne à la terre et aux arbres la fécondité. Indra n’a point de rival qui puisse l’attaquer.

6. Quand le soma coule, (rien n’égale la force d’Indra), ni le Ciel, ni la Terre, ni le vent, ni l’air, ni les nuages. Lorsque sa colère s’enflamme, il brise ce qui est fort ; il abat ce qui est solide.

7. Il donne la mort à Vritra ; de même que la hache fend le bois, il déchire les villes (célestes), qui coulent comme des rivières. Il brise le nuage nouveau aussi bien qu’un vase (de terre). Indra, avec ses compagnons, délivre les Vaches.

8. Ô sage Indra, tu acquittes la dette contractée (avec tes serviteurs) ; et, comme le fer coupe une jointure, tu tranches la perversité de ces hommes qui trahissent l’amitié, et profanent la splendeur de Mitra et de Varouna.

9. Ô généreux Indra, aiguise tes traits généreux et brillants, et lance la mort au milieu de ces misérables ennemis qui outragent Mitra, Aryaman, Varouna, et les (Marouts) à la voix sonore.

10. Indra domine au ciel et sur la terre, sur les ondes et les montagnes (célestes). Indra est le maître des riches et des sages. Indra doit être invoqué, quand il s’agit d’acquérir ou de conserver (le bonheur).

11. Indra est au-dessus de tout, des jours et des nuits, de l’air et de la mer. Il s’étend plus loin que le vent, que la terre, que les fleuves, que le monde.

12. Ô Indra, que ton arme déchaînée roule, et brille comme l’étendard de l’Aurore. Tel que la foudre, descends du haut du ciel avec ton trait brûlant et sonore ; détruis les amis du mal.

  1. Le commentateur croit que ces deux voies portent le nom de dévayâna et pitriyâna. Il a l’air ensuite de modifier sa pensée, en admettant que ces deux voies sont celles du père et de la mère, c’est-à-dire du ciel et de la terre.
  2. Le texte porte le mot siras, que le commentaire n’explique pas. J’ai pensé que ce mot devait avoir ici le sens qui lui a été donné dans la stance 7 de l’hymne I de cette même lecture.
  3. Le commentateur dit que ce sont Agni et Vâyou. La stance 19 n’indiquerait-elle pas qu’il est question d’Agni et du prêtre ? Je pense toutefois que le poëte désigne le ciel et la terre, que les ténèbres ne permettent pas de distinguer.
  4. Nom de Vâyou.