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[Lect. VI.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

toile. Aussi (le poëte) vous chante, et vous invite à venir. Tels que deux (convives) amenés par le beau temps, vous embellissez notre festin.

2. Vous arrivez, tels que deux coursiers, pour vous charger de nos holocaustes, et vous vous attelez au char rapide de notre chantre. Vous êtes, au milieu des nations, semblables à deux messagers glorieux. Pareils à deux buffles (sauvages), ne vous éloignez pas de nos libations.

3. Unis ensemble comme les deux ailes de l’oiseau, comme un beau couple de bœufs, vous arrivez au sacrifice. Vous apparaissez tels que deux flambeaux allumés par le pieux Agni, tels que deux (soleils) qui parcourent (le monde).

4. Vous êtes pour nous toute une famille, deux pères (généreux), deux fils pleins de courage, deux rois brillants et victorieux. Tels que deux nuages[1] qui embellissent (le monde), tels que deux rayons qui le vivifient, tels que deux (coursiers) rapides, accourez à notre invocation.

5. Tels que deux superbes taureaux ; tels que deux amis bons et fortunés, généreux et magnifiques ; tels que deux coursiers redressant leur noble corps, ou tels que deux béliers[2] brillants des feux (du sacrifice), vous êtes dignes de nos offrandes et de nos holocaustes.

6. Pareils à ces conducteurs qui, avec leurs crocs, domptent la fierté (des éléphants), ou à ces guerriers qui frappent (leur ennemi) et partagent ses dépouilles, pareils à deux victorieux enfants des Nuages[3], enivrez-vous (de notre soma), et donnez l’immortalité à mon corps mortel.

7. (Héros) terribles et vigoureux, vous donnez la vie à nos membres faibles et mortels, qui traversent (les maux terrestres) comme l’eau (traverse les corps) ; tels que deux Ribhous habiles à détourner les fléaux, ou tels que le Vent rapide qui déchire (le nuage) et règne sur la richesse.

8. Semblables à deux foyers éclatants, ils recèlent en leur sein un miel (délicieux) ; ils portent avec eux la fortune. Ils ont des traits qui donnent le bonheur. Parfaits de corps et d’âme, ils s’avancent tels que des oiseaux à la taille majestueuse, ou tels que des (prêtres) vénérables.

9. Pareils à deux géants qui s’élèvent au-dessus de la surface des eaux, vous êtes comme les pieds qui nous servent à traverser le gué. Vous êtes aussi comme les oreilles, et conservez (la voix) de votre chantre ; vous êtes comme les membres, et jouissez de toutes nos œuvres.

10. Tels que l’abeille, vous formez un doux miel ; tels que des maîtres prévoyants, vous engraissez la vache à la mamelle traînante. Ainsi qu’à des ouvriers couverts de sueur, une (heureuse) nourriture vous est offerte ; ainsi qu’à des vaches fatiguées, une herbe abondante vous est préparée.

11. Nous voulons vous combler de louanges et d’offrandes. Venez sur le même char accueillir notre prière : (venez prendre) au milieu des Vaches (du sacrifice) l’holocauste et la libation qui sont votre nourriture. Que Bhoûtânsa remplisse le désir des Aswins.


HYMNE II.
Éloge de la libéralité[4], par Divya, fils d’Angiras..
(Mètres : Trichtoubh, et Djagatî.)

1. Le grand corps d’Indra vient d’apparaître. La vie sort des ténèbres. L’auguste Lumière, donnée par les Pères (du sacrifice), est arrivée. Une large voie est ouverte à la Libéralité.

2. Ils s’élèvent dans le ciel avec le soleil, les (hommes) généreux qui donnent des chevaux, de l’or, des étoffes. Ils sont admis au partage de ton ambroisie, ô Soma, et prolongent leur carrière.

3. La Libéralité, divine et secourable, est une partie du sacrifice. Elle n’est point connue des impies, qui sont avares. Mais les sacrificateurs généreux, dans la crainte du blâme, ont de nombreux présents à offrir.

4. Tandis que le feu de l’holocauste brille en l’honneur de Vâyou qui fait couler mille torrents, d’Agni qui donne la lumière, des (autres dieux) qui veillent sur les hommes, de nobles seigneurs, au milieu de la fête, distribuent le lait de la Libéralité, qui compte sept mères[5].

5. Le (mortel) pieusement libéral est le premier que l’on cite ; il marche à la tête des autres mortels. Je regarde comme roi parmi les hommes, celui que distingue la Libéralité.

6. Il est sage et prêtre ; il est chef du sacrifice,

  1. J’ai rendu par nuages le mot iryâ, que le commentateur traduit par annavantô.
  2. Voy. la traduction du Sâma-Véda, par Stevenson. Préface, pages 4 et 5.
  3. Oudanyadja : j’ai pensé que l’auteur désignait ainsi les Vents.
  4. Dakchîna : c’est proprement les présents faits aux prêtres dans les solennités religieuses.
  5. Les sept mères de la pieuse Libéralité doivent être sept espèces de sacrifices, à l’occasion desquels cette libéralité s’exerce.