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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/14

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LE NOM DANS LE BRONZE

— Être deux, c’est une telle joie. Témoin, ce que vous avez avoué tout à l’heure. Nous sommes deux…

Elle sourit encore sans répondre. Elle désire et redoute à la fois les paroles décisives.

Superbe et indifférent, le grand bateau blanc s’éloigne, traînant derrière lui son éventail lumineux. Au large, en virant, il paraît s’arrêter, puis il reprend son élan, gigantesque feu-follet en fuite sur l’écran noir de la nuit.

— L’heure avance, dit alors Marguerite, il vaudrait mieux rentrer.

Mais son ami l’en dissuade. La journée a été chaude, on les excusera bien de prolonger dehors leur tête-à-tête. La soirée ! C’est le meilleur moment pour lui. Il a beau aimer son travail, il est impatient d’en avoir fini, surtout quand l’été se fait aussi accablant.

— Je ne m’habitue pas à être un homme que des intérêts tiennent dans un bureau comme dans une prison. Nous savons ce que c’est, nous, la joie d’habiter au bord de l’eau. Je me suis toujours demandé de quelle façon, s’amusent les enfants des villages sans rivière.